Une foule à la fois appeuré et fasciné, une silhouette de femme qui court de manière désespérée, un ciel étoilé sur lequel se dessine une mystérieuse forme rougeâtre et inquiétante. Un titre jaune et un oeil inquiétant et grand ouvert : Le Météore de la Nuit. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas ces vieilles productions de science-fiction horrifique, on ne peut nier qu'une bonne partie d'entre elles ont des affiches plutôt classe. Et comme je lis rarement les résumés des films que je m'apprête à voir, je m'attendais à quelque chose de précis : une sorte de relecture de La Couleur tombée du Ciel de Lovecraft à la sauce fifties. Même si je n'ai pas eu juste dans mes pronostics, je n'ai pourtant pas été déçu.

Sorti en 1954 et réalisé par Jack Arnold (le type derrière L'Homme qui rétrécit et La Créature du Lac Noir), Le Météore de la Nuit est une série B qui nous raconte l'histoire d'un astronome amateur qui voit tombé un météorite non loin de chez lui. En se rendant sur les lieux, il y voit ce qui semble être un vaisseau extraterrestre abritant une forme de vie. Il quitte le cratère à cause d'un éboulement et se rend vite compte que les choses qui vivent dans l'engin alien se sont échappés...

Rien de bien folichon niveau scénario, et il est à noter que le film est l'adaptation d'un livre du même nom écrit par Ray Bradbury (auteur de Fahrenheit 451 et des Chroniques Martiennes).

Évidemment, de nos jours, ce film fait pâle figure aux côtés d'autres oeuvres de SF, mais durant tout le visionnage, j'ai pas arrêté de me dire que ce film devait être une vraie claque lors de sa sortie en salle. Il est important de rappeler que le film est sorti en 3D à l'époque et que certaines scènes devaient vraiment être impressionantes. D'ailleurs, on voit que cet aspect "interaction avec le public" a été pleinement exploité : chutes de pierres, vue à la première personne, extraterrestres qui semblent s'approcher du spectateur etc. . Et même si on enlève la promotion de la technologie 3D, le film a quand même des effets spéciaux plutôt bons. Il y a des explosions, des lasers, des fumigènes, des monstres ! Même si tout ce qu'on voit à l'écran n'est qu'un vaste trucage, ça reste un "canular" crédible.

On est face à l'un des premiers ancêtres des films d'extraterrestres plus modernes comme Signes ou Rencontre du troisième type. C'est sorti deux ans après La Chose d'un autre Monde, film qui sera revu et corrigé par John Carpenter.

Mais malgré ses avantages, ce film souffre de défauts propres à des productions similaires. Le début est long, les personnages sont des archétypes de protagonistes de films de cette époque et je dirai même que la fin est prévisible. On va pas se leurrer, PRESQUE TOUS les films d'invasion de monstres ou de bestioles spatiales de cette époque se déroulent et se finissent de la même façon. Les gentils américains blancs triomphent toujours des méchants martiens moches. Aussi, le film devient assez mou par moment, certaines scènes sont répétitives et prévisibles. Il y a bien quelques rebondissements par moments, mais il reste mineurs.


Et comme tous les films de SF réalisés en début de Guerre Froide, on trouve des connotations anti-soviétiques. Dans ce film là c'est assez discret, sauf à un passage où les personnages se disent à peu près ça :

-Mais qu'est-ce qui me prouve que vous êtes bien humain et pas l'un des extraterrestres métamorphes ?

-Et bien vous n'avez rien pour le prouver. Je suis peut-être un gentil ou un méchant !

Les aliens seraient donc de mèche avec les Rouges ? En tout cas, je ne sais pas ce qui devait le plus effrayer les américains moyens de l'époque : des extraterrestres capable de changer de formes ou des missiles soviétiques ?


En parlant d'extraterrestres, je ne sais pas si leur mise en scène est volontairement énigmatique ou si elle est faite pour cacher le manque de moyen/mettre en avant la 3D. En fait, on nous montre l'aspect des envahisseurs que très tard dans le film, car ils ont eu la bonne idée de les rendre métamorphes pour économiser du budget dans les costumes ! Je veux bien comprendre que ça créer une forme de suspense que de nous montrer de la vue subjective côté alien pour rendre le tout mystérieux, mais au bout d'un certain temps, ça marche plus comme technique, et le spectateur aimerait bien voir autre chose que le fond d'une bouteille en plastique sur son écran.

Film pas incroyable mais pas mauvais non plus, Le Météore de la Nuit est un charmant film d'épouvante naïf comme on en fait plus, avec tout de même des idées intéressantes et de chouettes effets spéciaux. J'ai beaucoup d'affection pour ces vieux films horrifiques, c'est parfois amusant, parfois décevant, mais c'est toujours fascinant de voir à quel point les codes et les standards du cinéma fantastique ont évolué au fil des âges !

Arthur-Dunwich
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le 11 août 2022

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Arthur Dunwich

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