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Film de Mark Mylod (2022)

Qui aurait pu croire que manger les riches deviendrait autant à la mode de nos jours ?


Manichéisme branlant qui résonne de plus en plus fort au sein du cinéma actuel, répercuté sur la vie réelle. On donne de plus en plus d'importance aux critiques des "grands" guides comme Michelin, tout en prenant compte l'avis diamétralement opposé d'un quidam qui laisserait un avis négatif sans fondement sur Google, et en tachant d'ignorer tous ceux qui seraient plus mesurés, satisfaits, qui ont tout simplement bien mangé.


On se laisse porter par de "grands" chefs ultra médiatisés comme Ramsay ou Etchebest, qui ne présentent qu'un aspect visuel à ce qui ne nécessite que d'être goûté. Ils vendront ainsi mieux leurs bouquins de recettes qu'on rate forcément par manque de technique, ou on ira voir leurs chaînes Youtube sur lesquelles ils proposent des plats fades pour les ignorants de la cuisine. Et ensuite on se permet de commenter, sous couvert d'admiration (à l'instar de Nicholas Hoult, dont la sacrosainte dédication lui permettra de constater l'absolue médiocrité de sa vie et de ses convictions).


Puis, des chefs fragiles viennent se plaindre publiquement, sans pudeur ou estime de soi, convaincus eux aussi par la seule idée qu'ils se font du métier, avec comme seule défense l'amour qu'ils disent y consacrer, jamais préparés à entendre le moindre commentaire. Et c'est ainsi que l'on se retrouve avec des oeuvres qui parlent de tout cela dont le visionnage est mentalement dispendieux, généralement loin de la réalité, donnant raison à des groupuscules trop riches pour ce qu'ils prétendent savoir et trop pauvres d'esprit pour connaître la véritable passion exigée par un métier comme celui de restaurateur (j'entends par-là tous les postes existant au sein du métier), comme le film Boiling Point ou la série The Bear. Si vous n'êtes pas prêts à supporter la pression, ne faites pas ce métier. Si vous êtes prêts, alors vous le ferez avec le sourire et une envie constante de cuisiner, qu'importe pour qui.


The Menu prétend aborder l'ensemble de ces problèmes, sans jamais effleurer quelque justesse. Piochant à tout va dans de nombreuses idées d'oeuvres à succès (pas nécessairement qualitatives cependant) de ces dernières années (celles précédemment citées, Midsommar pour le banquet final, ou encore The Hunt pour la chasse à l'homme), il n'atteint qu'une vacuité aussi morne que le personnage interprété par Ralph Fiennes (qui avait déjà relayé celui de Voldemort au rang de cancéreux en phase terminale). Anya Taylor-Joy est toujours aussi inutile, et j'avoue avoir du mal à comprendre l'engouement autour de cette actrice, tant elle semble ne rien jouer d'autre qu'elle-même.


Tout n'est pas à jeter cependant, la bande-son de Colin Stetson est très agréable, comme d'habitude, même si son intégration laisse un peu à désirer. L'ambiance est parfois pesante, mais la réalisation patauge et le tout retombe aussi vite qu'un soufflé. Il aurait peut-être fallu respecter les indications quant aux pesées, mais de toute façon lorsqu'on voit les autres films à la carte de Mark Mylod, il semble qu'il valait mieux ne pas s'attendre à une réussite.

rnstjmbl
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Créée

le 9 janv. 2023

Modifiée

le 3 janv. 2023

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rnstjmbl

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