James Mangold, et l'itinéraire du loser magnifique.

Pour commencer, James Mangold est sûrement un de mes réals préférés actuels, et surtout celui qui selon moi est un des talentueux pour mettre en scène des histoires, nous faire attacher aux personnages, et nous faire comprendre toutes les émotions qu'ils peuvent endurer sans jamais tomber dans le pathos, cela s'est exprimé dans Logan ou Walk The Line (et même Copland) qui proposent des galeries de personnage tout simplement géniaux, que ce soit pour exprimer la fin d'une époque, d'une vie, comme dans Logan, ou bien l'addiction que ce soit dans Walk The Line ou une Vie volée.


Qui aurait pu être plus légitime donc pour raconter l'histoire d'un "looser magnifique" que lui ? Quand on se rend compte du propos élaboré dans ce film, on remarque tout d'abord la passion dévorante, qui nous est injecté à l'écran, que ce soit dans les gestes, la manière de parler, une passion qui sublime tous ces personnages, qui finalement remet au second plan la rivalité avec Ferrari, car oui la vraie rivalité du film est évidemment contre Ford, ce qui fait écho à notre époque actuelle, et les problèmes rencontrés par les réalisateurs face aux producteurs, c'est ce qui rend incroyablement moderne une histoire se déroulant dans les années 60 et nous passionne à notre tour tel un virus contre lequel il n'y'a pas d'antidote.


Car personnellement, la course automobile ,ne m'intéresse pas du tout, j'ai même eu un peu de mal à comprendre les règles du 24h du Mans, mais est-ce si important quand on voit le bonheur que Christian Bale irradie de tout son éclat face à nos yeux, avec une magnifique interprétation, qui finalement nous fait comprendre que l'important, l'enjeu principal du film finalement n'était pas la victoire ( encore un pied de nez aux producteurs Hollywoodiens qui ne jurent que par le nombre d'entrées) mais bien le fait de seulement exister, de faire ce que l'on aime, et laisser les chiffres aux marketing ou au PDG.
Ken Miles s'en fout de finir premier, ce qui l'a comblé c'est de participer, et d'avoir pu enfin réalisé un rêve. N'est-ce pas au final ce que l'on souhaite tous ?


Pour en revenir au film, et malgré son ton très "classique" biopic, on ressent une telle efficacité dans la narration, sans jamais de pathos, non il n'y'en a pas besoin, tout passe par les images, les regards, la joie, la peine, au diable l'argent, tout ce qui compte c'est réaliser son rêve et être un engrenage dans une création formidable.
Le découpage du film nous surprend, on se sent scotché à son siège, les courses sont jouissives et on a vraiment l'impression d'être sur place, à l'instar de First Man de Damien Chazelle, qui choisissait aussi cette vision "objective" du pilote dans son vaisseau, on a donc la deux films qui saisissent l'essence même du pilotage.


Ce film est la représentation même du vrai travail de réal, et oscille entre film d'auteur et film de studio, sans jamais faillir à son message principal, et pour ça un grand chapeau à toi James, pour ce film magnifique qui restera sûrement un de mes coups de coeur de l'année 2019.

Wolgou
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le 13 nov. 2019

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Wolgou

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