Le genre post-apocalyptique a accouché de nombreux films qui se ressemblent très souvent et qui sont, généralement, peu passionnant à regarder. Fort heureusement dans le lot, quelques films surnagent comme ce The Day After dont la qualité du contenu le rapproche bien plus de The War Game de Watkins que d'une immonde production emmerichienne. De toute façon, il ne faut pas s'attendre à un semblant de blockbuster ici, puisque The Day After est en premier lieu un téléfilm, avec tout ce que cela suppose comme limite technique et financière, mais qui s'avère suffisamment bien ficelé pour mériter notre attention. Il fut d'ailleurs projeté en salle, en France notamment, ce qui, à mon avis, n'est pas fait pour l'aider puisque bien souvent l'aspect téléfilm passe assez mal sur grand écran.
Comme Peter Watkins en son temps, Nicholas Meyer ne cherche qu'a dénoncer le surarmement, pendant la période de la guerre froide, en mettant en scène, avec un réalisme froid, les conséquences d'une attaque nucléaire sur les populations. Les deux réalisateurs vont toutefois s'opposer sur la méthode employée : là, où le Britannique va utiliser le langage documentaire pour renforcer l'impression de réalisme, l'Américain va rester dans le cadre de la fiction traditionnelle pour renforcer l'empathie du spectateur envers ses personnages. Ce parti pris s’avère tout aussi efficace, d'autant plus que The Day After délaisse le spectaculaire pour se focaliser sur la survie des rescapés et dresse, par la même occasion, un bien triste constat de la folie des dirigeants. Meyer va rendre compte, avec beaucoup de réalisme, de la violence de la catastrophe en montrant les explosions nucléaires, le ciel qui s'embrase et la puissance dévastatrice du souffle. Mais c'est surtout la suite qui s'avère intéressante avec ces images du chaos, ces paysages de ruines et de désolation, qui illustrent terriblement bien les conséquences de la guerre froide.
Solidement documenté, Watkins nous fait entrevoir les principales répercussions d'une explosion nucléaire (sans aborder le fameux hiver nucléaire) : il filme les corps soumis aux radiations, la prolifération des maladies, la contamination des terres, sans oublier les scènes d'émeute ou de pillage. Au final, même si Watkins n'évite pas le sentimentalisme, The Day After impressionne par sa justesse de ton et son réalisme. Seulement si le propos est de qualité, c'est la dimension téléfilm qui finit par être gênant : la mise en scène manque de relief, les effets visuels sont datés, quant à l'esthétisme, il est clairement du niveau d'un téléfilm des années 80 ! Ces différents défauts, auxquels s'ajoute un début d'histoire assez mollasson, sont bien évidemment autant de freins à l'appréciation globale. Cependant, il serait bien ingrat de dénigrer pour autant The Day After qui reste à voir au moins pour ses qualités pédagogiques, à propos d'un sujet qui reste toujours d'actualité, malgré la fin de la guerre froide.