Compliqué à noter

Toute cette review sera du spoil plus ou moins important.

Le positif en premier :

Sans surprise, l'animation, le dessin, le style, tout ce qui relève de la créativité artistique est superbe, un vrai chef-d'œuvre à ce niveau-là, mais pas surprenant venant de Miyazaki et son studio. On a le trope de l'artiste, le créateur, qui lorsqu'il meurt, son art meurt avec lui. Je ne comprends pas trop l'intérêt de cette métaphore quand on sait que des gens vont prendre la relève mais que dans son œuvre tout est détruit. Aussi pourquoi c'est seulement sa lignée ? 'fin son petit fils a pas plus de talent que ça ou d'imagination de ce qu'on voit ? Aussi, ça lui donne un sacré égo mais on peut se dire que tout cet univers qui aurait gagné à être prolongé meurt avec lui parce que ce sont ses idées. Bref une bonne œuvre pour les gens fan d'interprétation. Les autres symboles sont plus dur à voir après un seul visionnage et, personnellement je n'irai pas le revoir.

J'ai juste compris la métaphore de l'apprentissage avec le fait que l'enfant vienne les mains presque vides et reparte avec un sac qui doit faire deux fois sont poids, mais je ne comprends pas bien ce qu'il a appris en soit. (j'y reviens dans la partie négative)

J'aimerais revenir sur les détails apportés aux environnements. Tout est vivant. Tous les pièces sont le reflet des personnes qui vivent. La chambre de la belle-mère est luxurieuse, celle de l'enfant est vide car inoccupée avant son arrivée, mais préparé pour qu'il ait ce qu'il faut. Les étagères de celle qui a un bateau sont pleines à craquer, la maisonnette de sa mère est chaleureuse et très éclairée et le créateur vit dans un lieu seul au milieu de cette nature qui l'inspire. Les humains n'ont rien à faire dans son monde et on ne sait pas pourquoi la dame au bateau est là à part que ce serait peut-être la version jeune d'une des mamies. Bref le monde est vivant. ça se voit d'autant plus qu'il est facile de voir pourquoi l'enfant n'aurait jamais pu s'intégré à son école.

C'est clairement une école remplie d'enfant du peuple, ce que l'enfant n'est pas, sa famille est riche, il arrive en voiture. Loin d'être impressionné, en tant de guerre et de famine, cela passe plus pour de la frime. Le fait de venir de Tokyo, qui est un lieu bien plus pour les riches n'aide pas. De plus, les garçons sont tous bronzés et après l'école on les voit travailler dans les champs, alors que le garçon a un teint pâle, il est plus délicat et il n'est pas amical avec eux, ce qui peut leur faire penser qu'il est trop bien pour eux. Il est en décalage avec ce monde qui souffre et qui se meurt alors que lui a tout ce dont il a besoin et a largement le temps de faire ce qu'il souhaite. Bref pleins de petits détails que j'adore.

Le monde qu'il a créé est dérangeant à bien des niveaux. Premièrement, moi qui aime les oiseaux, le héron avec un homme à l'intérieur et surtout quand on voit juste ses dents est une très belle figure horrifique qui m'a fait donner raison au gamin de vouloir lui planter une flèche.

Tout ce qui se passe relève du merveilleux car pas à un seul moment le garçon ne semble surpris ou se poser de question, il accepte le monde tel qu'il est, même s'il ne fait aucun sens. Il suit les consigne et s'adapte rapidement comme s'il avait toujours été là, comme si fermer une porte au milieu d'un champ avait un vrai impacte ou que des oiseaux géants mangent de la viande humaine soit courant. J'aime le malaise constant dans lequel j'étais avec ces oiseaux étranges apparemment descendant de ceux que nous connaissons. Comme s'ils avaient vécu la même évolution que l'humanité et ce fatalisme que si on donne la connaissance etc à n'importe quelle créature, elle finira comme ça. Il y a tout un côté religieux de ce monde avec les pierres, la chambre pour accouché etc qui m'échappe et j'apprécie qu'une culture n'essaye pas à tout pris d'être compréhensible pour tout le monde quand elle sait que le regard sera porté sur elle à l'international, c'est à nous d'être curieux.

En sommes, beaucoup de positif. Mais alors pourquoi une note aussi basse...

Le négatif :

J'ai ce problème avec les créations japonaises en général, mais là, ça puait tellement que je ne peux pas le noter. C'est incroyable à quel point les japonais dans leur médias ne veulent pas reconnaître qu'ils n'étaient pas que des victimes dans la guerre. Vous allez me dire : c'est leur point de vue aux personnages à ce moment et ils savent pas. Pour le massacre et viol de Nankin, il y a des archives d'article de journaux qui montraient très bien qu'ils massacraient tout le monde et en étaient fier. Je demande pas une grosse critique, mais la manière dont le père qui est chef d'une usine à armes lourdes n'a aucune répercutions après la guerre, le salut pour les soldats complètement inutile à l'histoire etc. Vraiment ? C'est même pas comme si le cinéma de Miyazaki n'avait jamais abordé le sujet. Imaginez un allemand faire la même chose sans une once de critique envers le régime nazi ? Et pour ceux qui me diraient "ils ont été victimes avec les bombes", je vous conseille la lecture de Notes à Hiroshima de Kenzaburo Oé, les principaux criminels, l'état, n'était pas tant des victimes et ont pas aider les vraies victimes, mais ils s'en servent bien pour ne pas avouer les crimes contre l'humanité qu'ils ont fait. Tu veux mettre un contexte historique grave, fais le jusqu'au bout.

Le père et la belle mère, je sais pas si c'est pour accentué le côté 'chez les humains ça pue" mais c'était pas nécessaire entre le trauma, la guerre et le deuil. D'ailleurs on en parle de à quel point la mère en a rien à faire que sa sœur se tape son mari une fois qu'elle est morte ? En plus on est censé trouver que c'est une bonne évolution que l'enfant accepte cette femme qu'il ne connait pas, qui veut être sa mère sans faire d'effort pour le connaître ses goûts ou ses passions etc et à la fin il l'appelle maman alors que ça fait quoi trois jours ? Vraiment toute la partie famille est pas intéressante et vraiment glauque mais pas dans le sens horreur du merveilleux. ça pouvait être sa tante, ça aurait rien changé à part ce truc de vouloir que l'enfant l'accepte sans effort de la part des adultes ?

L'enfant, de part son caractère renfermé, est pas très intéressant. Il a plus l'air d'une coquille vide. Et je comprends pas trop le truc de la pierre et se dire qu'il est méchant pour ça ? C'est pas comme s'il avait dénoncé ceux qui l'avaient battu juste avant. Et c'est vraiment pas plus abordé que ça pour tout le bazar qu'ils ont fait autour de ça.

Le négatif que je reconnais venir de mes biais et donc moins pertinent :

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais vraiment accroché aux films de Miyazaki. J'en aime, je reconnais le talent derrière, l'écriture etc, mais je ne me motive jamais à aller voir le nouveau sauf par pression sociale et je suis loin d'avoir fini de tous les voir. Je ne sais pas si c'est parce qu'en tant que fan d'animes japonais depuis 20 ans, j'étais agacée de voir que ces films là étaient reconnus, mais pas tous les autres films japonais d'animation et encore moins les animes (ça a bien changé, mais fut un temps où une part de mon harcèlement scolaire était lié à ma passion pour ce type d'animation). De tous ceux que j'ai vu du moins, je pense que c'est celui que j'oublierai le plus vite. Le début était si long et c'est seulement une fois vraiment entré dans le monde imaginaire/créé que j'ai été un peu intéressé.

Aussi... C'est quoi son problème avec les vieilles ?

Donc pour moi, très très beau film, un imaginaire intriguant mais une intrigue et des personnages peu intéressant. Et tout ce que j'ai dit sur le japonais et la 2nd guerre mondiale.