Le héron est bien trop rond

Y aura du SPOIL.

J'ai vu le garçon et le héron de Hayao Miyazaki il y a peu. Je n'ai pas passé un mauvais moment mais il y a de mon point de vue des défauts notoires qui sont peut-être les conséquences de l'ambition démesurée et incontrôlable pour ce qui est, à priori, le dernier film de Miyazaki.

Ce film a voulu placer beaucoup de références, beaucoup de métaphores, beaucoup de symbolique et c'est vrai, il y en a à foison, tout le temps et c'est une bonne chose pour les fans qui reconnaîtront les clins d'œil. Il y a aussi des messages transmis notamment sur les successeurs de Miyazaki qui prend finalement une bonne partie du film entre les hérons coincés dans l'autre monde qui ne seraient que des vulgaires copies et les warawara qui seraient les nouveaux challengers.

Mais au-delà de tout ça, il y a une histoire que nous devons suivre et toutes ces symboliques, toutes ces métaphores, de mon point de vue prennent le dessus sur le scénario comme si elles avaient été définies en amont du récit lui-même. C'est un parti pris qui peut fonctionner, mais ici il y a un trop plein de ces références qui nuit au déroulement. Nous sommes submergés par ce flot de références qui se suivent et qui n'ont pas forcément de sens. Pour justifier cela, il me semble me rappeler qu'un panneau était affiché indiquant qu'il ne fallait pas essayer de comprendre. Donc, oui Hayao Miyazaki n'a peut-être pas voulu que nous comprenions un quelconque sens au travers de l'histoire. Oui, il a voulu nous partager un message, son message, venant tout droit du monde réel, par l'image, par la métaphore. Mais pour moi, ce n'est pas réussi car nous finissons par nous perdre et il faut ensuite aller sur internet pour avoir l'explication de chaque scène.

Je ne dis pas qu'il faut tout comprendre au premier visionnage. Pas besoin de comprendre dans son entièreté pour forcément apprécier. D'ailleurs, j'ai apprécié, au final, le film, malgré tout ce que j'ai pu dire auparavant. Le film est beau, il y a beaucoup de moments de contemplation et des moments qui prennent leur temps pour poser la scène, ce qui est très appréciable. Artistiquement, c'est très beau, comme Miyazaki sait si bien faire. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'assister réellement à une histoire mais plutôt à une succession de scènes qui prises une par une ont peut-être un sens mais mises bout à bout forment un désordre peu intelligible.

Un choix musical discutable

Je n'ai pas encore parlé de la musique, mais il faut le dire, elle m'a également déçu, mais peut-être ici que c'est une question de goût ou plutôt d'attente par rapport à ce que Joe Hisaishi avait l'habitude de faire. Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas transcendant, c'est même presque transparent. La musique s'efface vraiment au profit de la scène. Il y a beaucoup de silences, ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais les rares musiques sont très minimalistes et ne viennent pas prendre autant de place que ce que nous avons l'habitude d'entendre. Joe Hisaishi, c'est beau, c'est magnifique, c'est grandiose c'est mystérieux, c'est loufoque, c'est apaisant. C'est une musique qui ne vient pas seulement souligner une scène mais elle va vraiment la définir et lui donner une identité propre. Dans le garçon et le héron, nous ne retrouvons pas cela. C'est un parti pris, évidemment. Mais cela va bien au-delà d'une simple question de goût. Tous les films réalisés avec le duo Miyazaki/Hisaishi nous ont habitués à cette mécanique. Par conséquent, la modifier délibérément, c'est encore montrer qu'il a un message à faire passer. Et je trouve cela vraiment dommage parce que pour le coup, cela nous donne à penser que Hayao est obsédé par le message qu'il a à nous transmettre .

Tout ceci est d'autant plus désolant que c'est le dernier film de Hayao Miyazaki. Mais peut-être s'adressait il finalement plus aux nouveaux réalisateurs qu'à nous...