Dieu sait que j'ai de l'affection pour ces polars français old school des années 70-80, qui ont creusé ma cinéphilie naissante lors de leurs multiples diffusions télé.
Mais "Le gang", c'est celui de trop, le film de gangsters paresseux et sans éclat, qui s'appuie principalement sur son ambiance et sa reconstitution soignée, et enquille sagement des péripéties moyennement palpitantes, pour s'achever au bout d'une grosse heure et demie sans laisser de souvenirs marquants.


"Le gang", c'est surtout un mélange des deux-trois gros succès récents du tandem Alain Delon - Jacques Deray, à savoir le diptyque "Borsalino" puis "Flic story".
On retrouve donc nombre de comédiens ayant participé à l'un ou l'autre de ces films, à l'image de Nicole Calfan, Maurice Barrier, André Falcon, Catherine Lachens, ainsi que le co-scénariste Jean-Claude Carrière. Quant à la musique signée Carlo Rustichelli, elle s'inspire clairement de celle de Claude Bolling pour "Borsalino".


Le producteur-comédien et son réalisateur fétiche reprennent ainsi sans vergogne des recettes qui ont porté leurs fruits, et adaptent un autre bouquin du célèbre commissaire Borniche : mais alors que "Flic story" restait plutôt fidèle à la réalité historique, "Le gang" n'y pioche que ce qui l'arrange, c'est à dire peu de choses. Pierrot le fou devient donc Robert le dingue, et le voyou alcoolique et sanguinaire se transforme miraculeusement sous les traits d'Alain Delon en un bandit d'honneur flamboyant, qui évite de faire couler le sang.
L'histoire du fameux gang des tractions avant est ainsi relatée avec une exactitude toute relative, à l'image de la mort romancée de son leader.


Autre différence, "Flic story" pouvait s'appuyer sur une confrontation entre Delon et Trintignant ; désormais, Delon est seul, passé du camp des gendarmes à celui des voleurs, et manque d'un adversaire digne de ce nom. Du coup, ses exploits ne soulèvent pas franchement les passions, et je ne retiendrai guère que deux scènes marquantes : l'évasion dans la gare du Nord, et la scène du commissariat.


Voilà donc un film de gangsters à réserver aux fans hardcore du genre, les autres peuvent passer leur chemin tranquillement. Quant à moi, si dans un élan d'indulgence j'ai pu songer à donner la moyenne au "Gang", il m'a suffi de repenser à la gueule de Delon affublé de sa grotesque perruque frisée pour y renoncer promptement...

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le 19 mai 2020

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Val_Cancun

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