Entre pudeur et justesse et avec des comédiens exceptionnels, en particulier Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand , ce film fonctionne, en émotions contenues, comme une énigme. On peut le résumer comme une comédie intimiste sur la famille et la quête identitaire. Ici, chaque regard importe, chaque silence, aussi . C'est le charme discret de Philippe Lioret , metteur en scène de Toutes nos envies ou Je vais bien, ne t'en fais pas. Cette quête du père est en fait une quête de soi. Filmé comme une enquête de thriller, il traduit très bien cette émotion terrible et prenante d’un homme de 33 ans parti sur les traces d’un père qu’il n’a jamais connu. Le film commence et on vient d'annoncer au héros le décès de son père. Il se rend sur place, à la faveur d’un voyage au Québec. La vérité des êtres et la force des relations prend alors le dessus. La nuit d’ivresse joyeuse qu’il passe avec la fille du copain du père est salvatrice et essentielle. Tout le film évoque les origines, le mensonge, l’amour filial, la mort et le deuil . La conclusion propose enfin un film non sur le deuil et le pardon, mais sur la rencontre et la vie à venir. Cette recherche d’un dernier regard au travers des vitres de la zone d’embarquement, un dernier signe, est extraordinaire. Tout est fait avec une extrême délicatesse. Pierre Deladonchamps et Gabriel Arcand sont tous les deux formidables. Leur duo fonctionne à merveille. Ils sont tous les deux très touchants. Tout en retenue, sensibilité et en émotion contenue, le film m'a véritablement touché. Certains diront peut-être que les coutures du scénario sont un peu trop visibles. Mais, réussir à nous emmener vers une émotion si forte dans les derniers moments du film, c'est très fort. La scène finale est d'une grande beauté, jusqu'aux paroles ultimes du père quant au choix décisif du mot à prononcer en guide d'adieu. Cet engagement, ce moment où il peut dire à son fils : "vas vers là où ton désir t'anime". Le jeune héros part à la rencontre de ses demi-frères. Il traverse les océans pour rejoindre Montréal au Québec. Cette province a pour devise "je me souviens". Plus que de mémoire, c'est de la construction, dont il s'agit chez ce trentenaire, qui n'hésite pas et part déterminé à en savoir plus sur son père.Magnifique.

pasteque68
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le 30 nov. 2019

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