La Simplicité, la Beauté, l'Humanité

Le Fils est un film à la fois ennuyeux et passionnant.
Cet étrange paradoxe découle de la structure même du film et de la direction d'acteurs.
Le rythme est lent, continu, sans véritable bouleversement ni musique entraînante. Le jeu des acteurs est mou, marquant la banalité du quotidien. Gourmet, magistral, épouse son personnage, un homme simple avec une tel génie qu'on a du mal à accrocher à son charisme. Les autres parlent et se meuvent sans enthousiasme, ni éclats.
Pourtant , le film retrace le parcours exceptionnel d'un homme extraordinaire servi par un scénario brillant.


SPOILERS peut-être.


Dès le début, on assiste à la vision d'un homme brisé qui continue de vivre , d'enseigner car c'est son métier,malgré tout. Sa femme semble vouloir refaire sa vie, refonder une famille. L'homme laisse faire, accablé. Et soudain, il voit quelqu'un. On lui impose un apprenti.Comme on l' a dit, il ne sait pas trop quoi faire, il le suit, il le rejette, il est désemparé. Et petit à petit , le miracle se produit, il apprend à le connaître, à savoir pourquoi, il se remémore le drame, celui qui est en responsable.
Le suspense du film, inattendu, débute ici. Et celui-ci ne sombre jamais dans la facilité, c'est-à-dire les dialogues cools-qui n'auraient pas été crédibles- la musique tendance pour faire monter la tension, les regards surchargés, un jeu actors studio qui ferait monter la température, et surtout un dénouement excessif à la Seven ou Old Boy pour choquer plus que pour nous faire réfléchir. Forcément, et là est la grandeur du film , il nous pousse à attendre, à voir le vrai, à surmonter un ennui palpable pour déceler la beauté qui se cache, qui révèle alors le charisme, voire le sublime du personnage principal, qui d'homme simple se surpasse et devient un surhomme en accordant le pardon.


Et de grand, le film devient subversif car le héros accepte de transmettre son savoir et de prendre pour fils celui qui lui a tout pris. Qui ose ce genre de choix au cinéma de nos jours?


FIN SPOILERS.


Le Fils est un de ces films qui me grandit, qui relève ma médiocrité humaine, qui me corrige de ma mesquinerie, de mes mauvais penchants, de mon égoisme, de ma vilénie.


Ce film me rend meilleure, et pour ça , je dis merci aux Frères Dardenne!


PS : la mise en scène de ce film est excellente, minutieuse et rigoureuse, je prends la scène du restaurant où chaque geste est millimitré, réfléchi, pensé! Du grand art!

AttibaoulGounyo
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mémos Films : Notes et Mini Critiques

Créée

le 27 déc. 2015

Critique lue 698 fois

14 j'aime

2 commentaires

Critique lue 698 fois

14
2

D'autres avis sur Le Fils

Le Fils
IIILazarusIII
10

Le pardon.

[Spoilers ahead]. Le Fils est à ma connaissance le film qui met en scène la naissance du pardon de la façon la plus exemplaire. Si vous considérez, comme une amie à moi, que ce film est "une heure...

le 10 déc. 2010

20 j'aime

3

Le Fils
AttibaoulGounyo
9

La Simplicité, la Beauté, l'Humanité

Le Fils est un film à la fois ennuyeux et passionnant. Cet étrange paradoxe découle de la structure même du film et de la direction d'acteurs. Le rythme est lent, continu, sans véritable...

le 27 déc. 2015

14 j'aime

2

Le Fils
B-Lyndon
9

Réparer la ville

Le cinéma des frères Dardenne me bouleverse, un peu plus encore chaque jour, parce que c'est un cinéma unique qui n'a pas peur de partir d'une question – et les questions, avec eux, sont toujours...

le 28 janv. 2017

8 j'aime

2

Du même critique

L'Empire contre-attaque
AttibaoulGounyo
2

Le côté obscur de la niaiserie

Je pense que je me suis inscrite sur Senscritique pour finalement déboulonner les icônes surestimées de ces dernières années, en particulier les icônes geeks. Cette critique est un peu une réponse...

le 28 févr. 2013

71 j'aime

413

Crépuscule des idoles
AttibaoulGounyo
9

Critique de Crépuscule des idoles par Attiébaoulé Gounyoruba

Je tremble d'humilité rien qu'à l'idée de faire cette critique. Je ne suis pas légitime pour critiquer un livre du grand homme, parce que je ne suis pas philosophe de formation, que je n'y connais...

le 5 avr. 2013

42 j'aime

35