The times they are a changin'

Fresque historique, Doctor Zhivago frappe avant tout par sa splendeur visuelle. Chaque plan y est magnifique, sublimement travaillé à la direction de la photographie comme la musique originale composée par Maurice Jarre. Structuré de manière similaire à Lawrence of Arabia, le long-métrage utilise le flashback comme procédé narratif, se focalisant sur la vie du médecin Yuri Zhivago, alors confronté comme la société entière, à la guerre imminente entre les Tsars et Bolcheviques.

Partagé entre deux mondes politiques, convoitant richesse et disséminant la violence, le personnage interprété par l'immense Omar Sharif l'est également entre deux femmes. A l'issue tragique typiquement shakespearienne, le film de David Lean propose ses plus beaux morceaux de cinéma à l'occasion des batailles spectaculaires entre tsar et communistes, puis contemplation de la nature enneigée. Malgré quelques longueurs, le long-métrage est suffisamment ambigu pour ne pas restreindre le protagoniste à l'anti-communiste, mais simplement un homme - symbole d'un pays en perdition, bousculé par les changements permanents de son environnement.

David Lean illustrait encore tout le prodige de sa mise en scène, aux travellings impressionnants à répétition, comme transitions figurant déjà le rythme futur du cinéma de Spielberg, auquel on ne peut que penser (comme pour Lawrence of Arabia). Les personnages principaux, du général tsar aux deux frères Zhivago, comme les femmes, commettront des erreurs, impactant nécessairement leur destinée. La fatalité du temps, en changera les régimes d'un monde, qu'ils soient politiques ou sentimentaux. Mais pas Zhivago, qui, le cœur en miettes, regarde avec un nouvel espoir, l'horizon de l'amour, qui aurait pu reconstruire le pays.

Une œuvre à contempler, encore et encore.