Duellum habemus.

Plus de 40 ans après "les duellistes", Ridley Scott retrouve les paysages Français de La Dordogne, entres autres, pour une nouvelle histoire de duel. On délaisse l'empire de Bonaparte pour le règne de Charles VI. C'est sous son empire qu'aura lieu l'un des derniers duels judiciaires en France. En 1386, Jean de Carrouges, chevalier au service du Roi de France affronte le chevallier Jacques Le Gris, dans le but d'obtenir justice suite au viol de sa femme par ce dernier.

Ridley Scott revient à 83 ans avec une nouvelle histoire se déroulant au Moyen-Age. Et il a toujours la forme. J'ai adoré l'idée de narrer l'histoire sous forme de chapitres. Chaque chapitre raconte les mêmes évènements, mais du point de vue des trois protagonistes de l'histoire (Jean de Carrouges, le mari dont l'honneur a été baffoué, Jacques Le Gris, l'accusé et enfin Marguerite de Carrouges, la victime). Il est très intéressant de voir le contraste entre cette époque et la notre, alors que les combats contre les agressions sexuels, harcèlements, viols... sont au premier plan. Et pourtant, encore aujourd'hui, les femmes victimes de ce genre d'agression voient parfois leur parole remise en doute, comme dans le film. Aujourd'hui, ces affaires sont du domaine de la justice mais à l'époque du film la justice était rendu au nom de Dieu et, de ce fait, par son représentant: le clergé. Autant vous dire, que l'on assiste à des scènes surréalistes tant par les propos des ecclésiastique que par ceux de la victime, devant se défendre car si elle a trouvé son agresseur séduisant, on peut donc plus considérer l'acte comme un viol mais comme un fantasme imaginé de la victime. C'est dire à quel point, les victimes de viol de l'époque devaient être nombreuses tellement cet acte était banal. Fort heureusement, nous avons évolué sur ce plan, mais il reste encore beaucoup à faire.

Scott retrouve son directeur de la photographie attitré depuis "Prométhéus" (2012) Dariusz Wolski. Si c'est une première pour ce monsieur dans un film dont l'action se déroule au Moyen-Age, il a néanmoins déjà fait ses preuves sur nombre de production Hollywoodienne (The Crow, Dark city ou encore la saga des Pirates des Caraïbes...). L'image du film est très proches de celle de Kingdom of heaven, de Ridley Scott, dans lequel on retrouve ces couleurs froides, nous donnant l'image d'une époque pauvre mais riches en guerre de territoires.

De Kigndom of heaven, Scott ramène deux personnes: Arthur Max, qui avait la gestion des décors et Harry Gregson-Williams, compositeur de la musique du film. Une musique, qui rappelle un peu Gladiator, dont la B.O avait été composée par Hans Zimmer, qui fut le professeur de Gregson-Williams.

Du côté des acteurs, mention spéciale à Jodie Comer, dont l'interprétation est excellente, qui plus est son jeu devant changer, en fonction du point de vue du personnage. Adam Driver prouve son talent de plus en plus et montre qu'il a su faire de très bon choix post Star Wars.

Le dernier duel brille par la qualité de sa mise en scène, la direction des acteurs et la reconstitution de l'époque.

Un gros coup de coeur pour cette année 2021.