Loin d’être le favori des critiques françaises, Luc Besson trouve néanmoins du soutien dans son public, en admiration devant la virtuosité du « Grand Bleu », le talent de « Nikita » et la sensibilité de « Léon ». Et c’est à peine trois ans plus tard qu’il donne enfin vie à un projet de longue date, où l’empreinte esthétique de Moebius (Jean Giraud) et Jean-Claude Mézière se fait encore désirée. La science-fiction est aussi avant-gardiste que ces nouvelles technologies qui viennent alléger notre quotidien, et qui peuvent surtout nous faire rêver un peu plus d’un avenir meilleur. Exit cette utopie et place à l’exact opposé, où la cohabitation de plusieurs espèces semble peu convaincante. C’est en contant une aventure entre hommage et créativité que Besson obtiendra le point d’orgue d’une carrière prometteuse.


D’entrée, l’œuvre met l’accent sur l’importance de la vie, avec un soupçon de mystère. Cependant, il néglige le temps, facteur incontesté de tous nos référentiels. Il n’y a rien d’offensant dans la manière d’aborder la chose, mais opter pour une introduction aussi pointue et sèche peu rendre perplexe. En effet, tout le récit témoigne d’un profond symbolisme qui oppose toujours deux visions du monde et des conséquences causées par l’Homme dans le passé. On aura beau se projeter dans une société où l’ordre prédomine, où les multinationales écrasent avec excès tout ce qui lui fait obstacle et où les voitures volantes existent. On aborde constamment des fantasmes de front qui manquent de finesse. La succession de faits du même genre nous rappelle ainsi que seule la technologie aura évolué, au détriment de la mentalité et la condition humaine.


Fin du monde et autres citations religieuses nous rapprochent du spirituelle, squelette ferrique d’une intrigue qui impose un ton solennel, malgré l’aspect décalé de certains passages. L’humour ne fait pas que rythmer la lecture, elle renforce un sentiment de bienveillance, celui que le film tente de transmettre tout le long de notre voyage. La trinité se retrouve dans le chiffre « 3 » et les triangles, énormément mis en avant. Reconnaissons ainsi la lutte du bien contre le mal, puis à l’opposé la paix qui viendra non pas anéantir la terreur, mais qui parviendra à la contenir. A travers Leeloo (Milla Jovovich), le réalisateur lui insuffle peu à peu une personnalité unique, comme pour chaque être qui compose son univers.


Cependant, cette dernière ne peut l’acquérir après avoir récupéré sa clé de voûte, à savoir la liberté. Sans elle, l’opposition du bien et du mal aurait bien peu de sens. Or, on ne se limite pas au manichéisme lorsque l’on creuse un tunnel à l’horizontale. Cela dégage une certaine forme d’instabilité, d’excès et de vie. L’épanouissement forge le cœur de l’être suprême, quand bien même le fait d’être aussi exceptionnel ne fait pas moins d’elle une personne incompatible avec la satire sociale qui en découle. Quant à Korben Dallas (Bruce Willis), tête brûlée de service, il complète Leeloo et à eux deux, il parvient à décrocher cette sensibilité qu’ils recherchaient tant. L’amour a bel et bien une valeur ajoutée dans ce domaine, car elle est toujours repoussée jusqu’au dénouement, là où la problématique initiale ne se renouvelle qu’en partie.

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le 28 sept. 2022

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