Le Beau-Père 2
5.3
Le Beau-Père 2

Film de Jeff Burr (1989)

Stepfather 2 : Make Room For Daddy, Jeff Burr, U.S.A, 1989, 1h33

L’opportunité semblait trop belle. Si le premier film n’a pas été un gros carton au box-office, il fut particulièrement bien reçu par les critiques de l’époque. Alors rapidement, ce succès d’estime se transforme en véritable hit lors de son exploitation en VHS. Deux ans après, une suite voit le jour. Si le premier était un thriller psychologique vendu comme un slasher pour attirer les foules, ce second est à l’inverse un slasher qui essaye de se donner l’attitude d’un thriller psychologique, sans y parvenir.


Terry O,'Quinn reprend son rôle grâce à un tour de passe-passe scénaristique, qui le présente des les premières minutes du film dans un asile. Bien entendu, il s’y échappe et le récit rejoue quasiment le même disque que l’original, la tension et le malsain en moins, mais avec plus de meurtres et une ambiance générale bien plus légère.


Il est assez difficile d’être convaincu par cette suite, puisque dès le départ un détail, pourtant très con, met complètement à plat l’ensemble. Lorsque les journaux télévisés annoncent la fuite du protagoniste de l’asile, ils ne diffusent pas sa photo. Or, interné il a surement eu le droit à un mug shot au moment de son arrestation. C’est là un raccourci scénaristique qui met en lumière la qualité globale du film. L’objectif ne semble pas de répéter ici la maestria de son prédécesseur, mais simplement de surfer sur son succès en proposant une œuvre qui a peu à voir avec le sous-genre porté admirablement par « The Stepfather ».


Musique terrifiante, violons qui grince, jump scare attendu, le métrage joue à fond la carte de l’Horreur, mais souffre de son statut de suite, car jamais il ne parvient, ni n’essaye, à égaler son aîné. Une fois la frustration passée, et que l’on accepte de se retrouver devant une petite série B d’exploitation, le film s’avère sympathique malgré tout, et il devient même amusant de se prêter au jeu. À défaut de revivre l’expérience du premier, c’est ainsi un énième slasher, pas forcément folichon, auquel on se voit confronter.


Emballé par ce sympathique bourrin de Jeff Burr [dont l’auteur de ces lignes ne cache plus une certaine sympathie], il est vrai que dans l’ensemble ça tient la route. C’est là une occasion de plus pour conseiller à nouveau son excellent premier essai, à sketch, « From a Whisper to a Scream » et son ambiance très Southern Gothic, particulièrement réussie. Fidèle à son cinéma, Burr propose un métrage peu finaud, qui capitalise beaucoup sur la performance de Terry O'Quinn, pris au piège dans un scénario qui l’empêche de renouer avec l’intensité du premier film.


Dès lors, les enjeux se déplacent et ce n’est plus de savoir où va mener la manipulation du psychopathe qui compte, mais qui sera sa prochaine victime ? Et comment va-t-il procéder pour l’éliminer ? C’est là le principe même du Slasher, que voulait tant éviter Joseph Ruben avec le premier film. Jerry Blake, le beau-père, aurait certainement pu devenir un énième tueur de séries B des tréfonds de la production horrifique hollywoodienne, puisque l’orientation de cette suite efface tout ce qui construisait un personnage des plus flippants. Même la mise en scène de Jeff Burr peine à le rendre inquiétant.


Mais bon, le film possède ce charme d’exploitation made in 80’s, fort d’une désuétude appréciable, masquant presque le cynisme certain qui se cache derrière son existence. Malgré tout, il est sauvé in extremis de sa torpeur par une séquence finale, qui si elle cherche à retrouver l’intensité du premier sans y parvenir, propose néanmoins un bon moment bien bourrin. La caméra de Jeff Burr s’emballe, enchaîne les plans cassés et les contres plongés, pour traduire une violence que le décorum de mariage rend assez fun à regarder.


Sans surprise et convenu, « Stepfather 2 : Make Room For Daddy » est à prévoir de préférence en fin de soirée, sans regarder le premier au préalable, avec lequel il ne peut de toute façon pas tenir la comparaison. Il en reste cependant une petite œuvre de vidéocub sympathique, sans plus, qui se regarde avec plaisir et saura ravir les fanatiques d’horreur à deux balles, pour de multiples raisons, identiques à toute bonne production d’exploitation à l’époque.


-Stork._

Peeping_Stork
7
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le 26 août 2021

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