La 1ère heure de film est exigeante tant le récit reste opaque et la mise en scène figée. Ce n’est qu’après ce délai que le film dévoile sa pleine puissance.
La mise en scène est en effet de plus en plus libérée et devient mouvante, offrant des travelling et des plans séquences dont on pourrait se délecter infiniment.
Et le récit dévoile sa profondeur, tournant autour de cette question : peut-on décider d’effacer les aspirations d’une femme, l’enfermer dans son rôle de mère et d’épouse, sans l’effacer définitivement ? Et sans s’effacer soi-même ?

Le cadrage millimétré offre, tout au long du film, aussi bien des plans d’une beauté insolente (le prêtre qui redescend la colline suite à l’enterrement) que d’une froideur effrayante (ces usines qui apparaissent comme des monstres de ferraille), faisant écho à la bande originale absolument glaçante et mystique.

Elle aussi met du temps à réapparaître, mais me permettra de me souvenir de l’impact de la scène centrale du film pendant longtemps.

Toutefois, le flashback du dernier tiers semble trop explicite en comparaison au reste du récit et vient un peu ternir son mystère et sa teneur métaphorique que je trouvais jusqu’alors bien plus évocateur.

Je reste toutefois très hanté par ce film et ce qui s’en dégage, autant esthétiquement que symboliquement, et de la même manière que dans Le Retour, je termine ce visionnage entouré de fantômes.

Alsh74
6
Écrit par

Créée

le 17 janv. 2022

Critique lue 73 fois

Alsh74

Écrit par

Critique lue 73 fois

D'autres avis sur Le Bannissement

Le Bannissement
bilouaustria
7

Le paradoxe de Z.

Le cinéma de Zviaguintsev est une machine de précision. En trois films et un Lion d'or, il a imposé ses lents mouvements d'appareils, sa violence sourde, ses tons pastels. Les 2h30 de son deuxième et...

le 20 nov. 2012

20 j'aime

25

Le Bannissement
seb2046
7

L'odyssée des bannis...

LE BANNISSEMENT (Andreï Zviaguintsev, RUS, 2007, 144min) : Majestueuse fable sur la fatalité dépeignant l’histoire d’un couple, un homme et sa femme qui quitte une ville industrielle avec leurs deux...

le 14 févr. 2018

4 j'aime

Le Bannissement
Seemleo
4

Apprenti auteur

Une magnifique écriture, des plans travaillés et esthétiques, une photographie léchée. De longs et lents travellings évoquant le tourment intérieur des protagonistes. Par contre.. trop d'ellipses et...

le 5 juin 2014

3 j'aime

1

Du même critique

Les Amandiers
Alsh74
3

Les Amandiers

Le film retranscrit avec peu de subtilité l'adolescence de Valeria Bruni Tedeschi et suit une promotion de l'école de théâtre des Amandiers.Les premières séquences du film montrent différents...

le 14 juin 2022

20 j'aime

1

Sans filtre
Alsh74
9

Triangle of Sadness

Le film se divise en trois parties. La première se concentre sur Carl et Aya et nous fait découvrir leur relation autour d'un problème digne d'un épisode de Curb your enthusiasm : qui doit payer...

le 30 mai 2022

11 j'aime

I Comete
Alsh74
8

I Comete

Un premier film radical, dense et ambitieux au point de s'étonner qu'il s'agit bien d'un premier film. Il faut néanmoins s'armer de patience. Le rythme est lent et le film n'est fait que de plans...

le 26 avr. 2022

7 j'aime

4