La dernière fois que l'on a vu des vaches en aussi grand nombre à l'écran, ce devait être dans l'excellent Vacas (1992) de Julio Medem. Que viennent-elles faire dans le film de la Chilienne Francisca Alegría ? Disons qu'elles sont comme des lanceuses d'alerte sur une planète où les humains ont perdu le contact avec leur environnement. Tout ceci n'est qu'interprétation, évidemment, puisque cette fable écologique se double d'une intrigue familiale dont les ramifications se trouvent dans un passé tragique. L'avenir est dans le pré, si tant est qu'il y en ait un, d'avenir, nous conte La vaca que cantó una canción hacia el futuro, qui use (et abuse un peu) du réalisme magique latino-américain, avec des animaux qui chantent, ou plutôt se lamentent, ce qui change un peu de la célèbre Vache qui rit. Il est vrai qu'il y a de quoi pleurer, eu égard à ce qui nous attend, mais le film a plutôt choisi la douceur, dans sa narration volontairement surréelle. Il est suffisamment rare de ne pas deviner dès les premières images où veut nous emmener un long-métrage, pour ne pas saluer la cohérence dans l'étrangeté et l'opacité de cette œuvre singulière, dans laquelle on reconnait notamment le grand acteur chilien Alfredo Castro. Une illustration singulière de la maladie de la vache folle dans un monde qui ne tourne plus très rond.