Billy Hope est un boxeur de 40 ans au sommet de la gloire. Champion du monde, riche, mari et père heureux, sa vie s’écroule lorsque sa femme décède à cause d’un rival trop prétentieux. Dès lors, il perd tout mais le placement de sa fille dans un foyer le force à se reprendre grâce à la boxe et un certain Titus Willis aka Forest Whitaker.


Désormais habitué aux rôles de composition, Jake Gyllenhaal s’affirme toujours plus dans la catégorie des grands acteurs capables d’émoustiller aussi bien les cinéphiles rigides que les fantasmes des jeunes filles. Ce grand écart est le fruit d’une filmographie judicieuse avec des projets originaux pouvant parler au plus grand nombre, même s’il suit la tangente du cinéma indépendant. Son seul véridique blockbuster, Prince of Persia : les sables du temps, montre peut être que le pop-corn et l’IMAX 3D ne sont pas dans son ADN.


Fort de cette solide notoriété, l’acteur au nom difficilement prononçable se met cette fois au service d’Antoine Fucqua, le réalisateur nous ayant offert des bijoux comme Shooter (:toux:) et Les Larmes du soleil (:quinte de toux:). Il ne fallait pas se faire d’illusion, La Rage au ventre ne fait pas dans la dentelle. Quoique ! En effet, sous ses apparences de bastonnade à grand spectacle, le film se concentre majoritairement sur l’histoire d’un boxeur un peu boloss à la recherche d’une nouvelle vie. Et oui, nous assistons bien à un mélodrame qui tente de nous faire pleurer une bonne dizaine de fois, où tous les événements les plus horribles possibles arrivent à notre personnage principal.


Pour être bien sûr de comprendre la détresse psychologique et la métaphore alambiquée avec la boxe (je me bats dans le ring comme dans la vie, on prend tous des coups [ndlr : wesh]), le film n’hésite pas à sortir les violons pour un rien. Par exemple, il pousse à l’extrême la dimension dramatique de la mort de sa femme qui en devient presque risible. N’oublions pas que notre héros s’appelle également Hope au cas où cette leçon d’espoir nous aurait échappé. Sans cesse raconté au premier degré, il n’y a aucune finesse dans La rage au ventre qui n’est pas allé cherché bien loin ses émotions. Cahier des charges de la production ? Cible marketing visant les habituées de Fast & Furious ? Il y a peut être un peu des deux quand on voit la manière caricaturale de dépeindre les traits de caractère des personnages, à nous balancer du gros rap, des guns et nous faire profiter de la classe innée d’un 50cent à chapeau. Le sous titre de l’affiche aurait presque pu être : « qui aura la plus grosse ? ».


Néanmoins, La Rage au ventre assure là où il faut : les combats de boxe. Réalistes car enrobés d’une mise en scène audiovisuelle, ils proposent une chorégraphie rutilante qui fait la part belle à un public effervescent dans le majestueux Madison Square Garden. Cela démontre la force du sport pour déployer de l’intensité dramatique, le meilleur scénario est souvent celui du terrain ou du ring. Pour autant, le résistance hallucinante des protagonistes aux coups en pleine poire gâche un peu le plaisir.


Il serait dommage dans cet article de ne pas citer la performance de Jake Gyllenhaal, qui, malgré son personnage moyennement futé, impressionne une fois encore. Consensuel par son talent, il tient pratiquement le film à lui seul par son jeu viscérale qui donne envie de croire à l’histoire. Sa transformation physique est elle aussi saisissante. Amaigri dans Night Call, il prend cette fois de la masse pour ressembler à un boxeur dont il a également appris les techniques.


Plus un mélodrame qu’un film sur le sport, La Rage au ventre sa place malgré tout dans la lignée des bons films de boxe, tradition du cinéma américain. Emmené par un excellent Jake Gyllenhaal, le résultat aurait été tout autre avec un acteur lambda, à cause d’un scenario qui joue tout sur des émotions tirées par les cheveux. De plus, en frôlant dangereusement avec la bolossitude, le film évite le pire mais rappelle surtout qu’un bon coup de poing dans la tronche est un remède salvateur contre la dépression.

ZéroZéroCed
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le 23 sept. 2016

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ZéroZéroCed

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