« Critique » uniquement conçue pour faire découvrir ce long-métrage au plus grand monde, donc, par conséquent, peu fournie en arguments.


Avec « La Quatrième alliance de Dame Marguerite », Carl Theodor Dreyer dresse une autopsie historique bien plus précise qu’on l’imagine. Production suédoise tournée en Norvège, au sein de décors servant de musée, ce métrage, le troisième de son réalisateur, s’articule entièrement autour des rapports humains et de la religion, narrant l’histoire d’un homme enfermé dans son propre piège. Et dès le départ, la nuance est posée : malgré la présence de nombreux gags, « La Quatrième alliance de Dame Marguerite » est plus une farce qu’une comédie, dévisageant avec cynisme des institutions religieuses tournées en ridicule. Et à ce titre, cet (anti ?)héros qui présenté ne pratique jamais l’exercice religieux, alors qu’il est tout de même censé être pasteur !


À l’instar de « Gertrud », qu’il réalisera quelques années plus tard, Dreyer met en scène une femme aussi soumise qu’elle est dictatrice : cette fameuse Dame Marguerite, que le héros épouse contre son gré pour devenir pasteur, alors qu’il a déjà une « douce ». Il est ainsi coincé entre deux vies, entre deux femmes qui, in-fine, représentent un unique personnage, un même visage. Comme il l’a prouvé dans nombre de ses films, tel que « Jour de Colère », Dreyer croit plus au diable qu’en dieu, et, comme il l’a fait dans « Vampyr », en livre une image formaliste et bouffonne, allant ainsi à l’image du protagoniste principal, qui ne deviendra bon qu’après avoir essuyé la tragédie. Et cette dernière fait entièrement basculer l’histoire, puisque Marguerite, vue au début comme une vieille religieuse repoussante, révèle une immense grâce intérieure.


« La Quatrième alliance de Dame Marguerite » invite donc à se méfier des apparences et des soi-disant, tout en exerçant une critique de l’hypocrisie religieuse, voilée sous un enchainement de gags lucides et drolatiques. Mais ce qui interpelle avant tout, c’est le cache de fin, d’une forme christique. Symbole que désormais, même ce couple initialement symbole de la liberté, est enfermé dans la religion.

Kiwi-
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le 3 nov. 2016

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