La nuit passe et certains trépassent : batifolages et bogeyman

Croquemitaine ...
Croque mitaines ...
Dévore mains ... bras ... jambes ... et garde le peu de courage restant pour la faim ...

Introduction merveilleuse en vue subjective, création du mythe que l'on fera progressivement grandir, mise en place en même temps de cette merveilleuse musique malveillante.

Une ellipse nous amène alors quelques années plus tard, les préoccupations sont frivoles, on dépose des clés, des gamins embêtent d'autres gamins, on perçoit une présence, on sort du lycée, on discute petits amis, on se moque gentiment, on fume un pétard en cachette, une tombe disparait, il fait encore jour.

On va garder des enfants, on creuse une citrouille, on entend un bruit, on regarde la télé, les acteurs quelque soit leur âge sont très bons, on convoque le galant, une porte s'ouvre, on attend en vain; un masque, il fait déjà nuit.

Un silence, un non dit, un quotidien sublimé par l'appréhension, par le malaise habilement mis en place. Presque tout le film se passe sans violences (et c'est tant mieux puisque le premier meurtre est assez mal fait, très factice) et pourtant on ne cesse de frissonner, comme souvent dans ce genre de films, la tension est menée peu à peu à son paroxysme pour finir par nous offrir une crise d'apoplexie et d'épilepsie dans notre canapé préféré. On assiste dans le même temps à une transition dans la nature de la menace, très ancrée dans le réel au départ (malgré les allusions au Mal et au diable du psychiatre) pour finalement se détacher des chaines de la réalité pour nous terroriser d'autant plus et rentrer dans ce fantastique traditionnel sans être de bas étage (puisque corporel, incarné et venant du réel).

Bien entendu le film subit une accélération sur la fin, mais on ne s'ennuie jamais, on reste tendu comme une corde de harpe, de la lingerie à la chambre du premier étage ! Si la tension réussie à être aussi magistrale, c'est que Carpenter joue énormément sur les bonnes ficelles du cinéma d'horreur : il évite le gore et le trash inutile, installe le malaise dans l'absence, installe tout un jeu sur le regard caméra/spectateur/menace pour nous pousser à l'erreur, ne s'abaisse pas aux effets cheap de la surprise de base et sait construire et maintenir une vraie ambiance.

Délicieusement terrifiant malgré un scénario somme toute classique et une presque hystérie sur les dix dernières minutes qui bloque un peu. Eteignez vos lumières et soyez sages, lors d'Halloween, bas les masques !
Cmd
8
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le 14 nov. 2012

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