Bon clairement je n’ai pas tout compris au film.
Je le vois en 3 parties distinctes : la première est clairement un trip psychédélique. On ne comprend à la fois rien mais on voit la logique dans l’enchaînement des scènes. J’avais vraiment l’impression d’être sous substances car les plans reflètent à la perfection cette sensation d’abstraction réaliste.
La seconde est quand le voleur, représentation de Jesus, rencontre l’alchimiste qui présente tous les pourris de la planète qu’il a sélectionné pour conquérir la montagne sacrée. Là on redescend un peu sur terre à ce moment là. On a des portraits de plusieurs personnes avec des activités toutes aussi crapuleuses et bizarres que les autres. C’est plus surréaliste que psychédélique. Certains portraits ne se valent pas tous mais on croise toujours cette créativité si propre à Jodorowsky.
Enfin la troisième, c’est le pèlerinage et la conquête de la Montagne Sacrée. Là j’ai un peu laché vers le milieu. Trop mystique, trop religieux, trop mental. On s’y perd parfois dans les mots, car on tente de comprendre la moindre allusion. Le lâcher prise est fini, place à la concentration et c’est éprouvant. Néanmoins sur la fin on raccroche pour une conclusion très perturbante qui brise le quatrième mur.
On a ainsi notre lot de scènes étranges, on peut dire qu’on est vacciné pour les 20 prochaines années sur ce point. La reconstitution de l’invasion des conquistadors avec des lézards et crapauds m’a marqué. Ainsi que quand un personnage donne le biberon à son serpent.
Il faut saluer la bande son, très riche. Mystique également par moments, et parfois épique. Ainsi que l’esthétique absolument sublime des plans, des costumes, des décors naturels. On pend souvent la langue devant la mise en scène. Et c’est d’autant plus impressionnant de savoir que Jodo a tout fait.
Bref pas mon Jodorowsky préféré, car peut être un peu long. Par contre c’est un film à voir absolument pour les fans de cinéma étrange. C’est parfois un peu grossier dans les allusions à la religion, on frôle parfois le film sectaire, mais on rentre dedans et on comprend à peu près la démarche. Jodorowsky fait sauter les frontières sur l’identité, l’apparence, le soi, pour en faire un film totalement introspectif.