Je ne vais pas vous cacher que les histoires de fantôme, ça ne m'impressionne pas. Des grincements, des ombres, des bruits mystérieux, tout ça ne m'attire pas dans la grande famille des films d'horreur. Et pourtant, il y a bien quelques films que j'aime où le surnaturel est manié avec maîtrise (Shining, Candyman, Lords of Salem etc.) et puis il y a ce film, qui m'a donné envie de me relancer dans les films de maisons hantées et d'ectoplasmes.


Sorti en 1963, The Haunting ou La Maison du Diable en français (paie ta VF nulle) raconte l'histoire d'un groupe de personnes cherchant à percer le mystère d'une maison hantée à la réputation solide. Menés par le docteur John Markway, le petit groupe va vite devoir faire face à la colère du poltergeist qui secoue les fondations de la maison.


Ce que j'ai trouvé intéressant de constater avec ce film, c'est qu'il y a très peu d'effets spéciaux, Robet Wise parvient à captiver et à créer une ambiance sans montrer de spectres à l'écran. C'est toute la force de ce film : montrer peu de choses pour garder un certain mystère et embarquer le spectateur dans le train fantôme.

Il faut dire que le train fantôme vaut le coup ! Même pour un film de cet âge qu'on pourrait considérer comme has been ou poussiéreux, il y a encore des passages qui marchent du tonnerre. La réalisation est soignée, le film passe du calme à l'affolement total juste assez pour secouer le spectateur. Vertiges, fondus enchaînés, jeux de reflets, tant d'effets visuels qui se veulent déroutants pour le spectateur et qui fonctionnent à merveille.


Et bien sûr, un petit groupe de bons acteurs parvient à véhiculer l'ambiance de terreur. Tout le petit comité pris au piège dans la maison joue très bien son rôle. Richard Johnson, dans le rôle du docteur incarne bien une figure masculine calme et rationnelle, tandis que Julie Harris, qui joue Eleanor, rentre bien dans son rôle de protagoniste qui dérape lentement vers le bord de la folie.

Les relations entre tout ce petit monde sont aussi bien gérés, chaque personnage a un caractère qui lui est propre et a un point de vue bien fixe sur les personnages qui l'entoure. C'est amusant que les relations entre les protagonistes soient si intenses par moment et que le thème de la psychologie revienne par moment...

En parlant de Julie Harris, elle est un point fort de ce film. Non seulement elle joue bien, mais en plus son personnage est géniale. Une feme tourmentée, effrayée, mais aussi attiré par la monstrueuse maison de House Hill. Le fait qu'on puisse entendre ses pensées est aussi un moyen de se rapprocher de ce personnage si humain. Parmi les nombreux films d'horreur que j'ai pu voir, Eleanor Lance est sûrement l'une des meilleurs héroïnes du genre.


Autre aspect marquant de ce film, c'est sa maison. On ne peut pas faire un bon film de fantôme sans son lieu maudit ! Et comme tout lieu maudit qui se respecte, la maison de House Hill possède un sombre passé en plus d'être un lieu sombre et glauque sur le plan architectural. Sorte de fusion entre l'Overlook Hotel et la Maison Winchester, la maison devient au fil du temps un personnage à part entière; bourreau des protagonistes, résidence des fantômes et aimant à âmes tourmentées. Cette baraque aux allures de château écossais semble tout droit sorti d'une nouvelle de Poe !


Mais malgré ses points forts solides, le film a un lot de petits défauts un peu con, qu'on retrouve dans d'autres films de cette époque.

Certains dialogues s'éternisent, la musique est trop présente et trop bruyante et la conclusion laisse un peu le spectateur sur sa faim. En améliorant deux trois trucs et avec un peu plus de moments surnaturels, il y aurait eu vraiment quelque chose de glaçant sur le long terme. Au final, les passages avec de la tension sont entrecoupés de scènes de discussions longuettes et qui tournent un peu en rond.


Mais à part ces détails (qui peuvent être balayés), The Haunting est un chouette film d'épouvante old-school en noir blanc. Un huis-clos avec un arrière goût de spectres à regarder à Halloween, la lumière éteinte, et la porte fermée. N'oubliez jamais de fermer la porte à clé. Jamais.

Créée

le 24 juin 2022

Critique lue 18 fois

Arthur Dunwich

Écrit par

Critique lue 18 fois

D'autres avis sur La Maison du diable

La Maison du diable
Torpenn
6

Le futur hanté rieur

Après le pré-adolescent zombie, je me nettoie les rétines avec un film d'épouvante à l'ancienne. Première différence, et non des moindres : la mise en scène. D'abord, elle existe, ensuite, c'est elle...

le 28 juil. 2011

50 j'aime

31

La Maison du diable
drélium
8

Sueurs froides

Énorme, grosse claque au final. Des frissons en pagaille, pas du genre tout de suite, plutôt à doses mesurées puis la partie finale qui fait on ne peut mieux son boulot. Pas un meurtre, pas une...

le 18 déc. 2012

46 j'aime

2

La Maison du diable
Gand-Alf
9

Born bad.

Afin de provoquer la peur et l'effroi, il n'y pas forcément besoin d'artifices grossiers et ça, le cinéaste Robert Wise semble bien l'avoir compris avec cette adaptation du roman de Shirley Jackson,...

le 17 mars 2014

40 j'aime

Du même critique

Trois nuits par semaine
Arthur-Dunwich
8

You think you're a Man

Un film français sur le milieu du Drag qui promet de ne pas être gênant et rempli de clichés détestables ? Pas le temps de réfléchir, j'y cours ! J'ai appris l'existence de ce film grâce à la page...

le 13 nov. 2022

12 j'aime

Le Roi et l'Oiseau
Arthur-Dunwich
8

Conte d'un matin de février

[Storytime introductif, réflexion nostalgique]Dans notre parcours en quête d'oeuvres, il y a toujours des gens pour nous faire découvrir de nouveaux horizons : des proches, des connaissances ou de...

le 12 mars 2023

9 j'aime

The Crow
Arthur-Dunwich
8

La Vengeance est un beau Corbeau endeuillé

C'est le mois de Noël ! Il n'y a pas un centimètre de neige, les gens se pressent dans les magasins comme des animaux et je croupis dans ma chambre sans savoir quoi faire. Le moment idéal pour se...

le 12 déc. 2023

9 j'aime

3