Les dimensions de la Sibérie sur une carte sont en principe un avertissement suffisant. Malgré un travail photographique superbe qui frôle la mystique, La lettre inachevée (pauvre Vera) est immanquablement écrasée par l'immensité des paysages. Seul reproche esthétique aux images, l'utilisation excessive des fondus (toutefois efficaces pour traiter l'aliénation par le travail). Les reproches à la dynamique du film, au scénario invraisemblable, et par dessus tout, à l'idéal soviétique qui sous-tend l'ensemble, sont plus nombreux. Bien que les diamants soient une ressource nécessaire à la conquête spatiale, on sait depuis Dostoïevski que celui qui vise le scintillement des étoiles et regarde vers le sous-sol regarde dans la mauvaise direction. On cherche le ciel et on échoue dans le marasme paludéen.
PS : Il est recommandé aux médecins en herbe de ne pas suivre les méthodes appliquées dans le film afin de réanimer un patient en hypothermie. S'entourer d'un docteur compétent ; le risque de finir congelé vivant ne peut être sous-estimé au visionnage.