C’est pour un subtil mélange des genres qu’a opté le nouvel éditeur The Ecstasy of film pour commencer sa collection Profondo Giallo. Et si La lame infernale lorgne davantage vers le poliziesco que le pur film de tueur sanguinaire, on ne saura leur en tenir rigueur tant le film convainc sans problème.

On se laisse embarquer avec plaisir dans une enquête policière qui s’inscrit tout droit dans le néoréalisme italien. Il est en effet assez rapidement question d’histoires de corruption impliquant des personnages haut placés dans les sphères politiques italiennes, l’occasion pour le réalisateur d’embrasser sans prendre de gant ce climat si particulier et très critique qui sévissait dans le pays au début des années 70. Comme souvent, c’est par l’intermédiaire d’un enquêteur que le réalisateur nous fait découvrir tous les tenants et aboutissants de son histoire et nous tient en haleine jusqu’à un dénouement très sombre. Il nous plonge pour cela au cœur d’une enquête peu gracieuse qui révélera dans la douleur un réseau de prostitution de mineurs qui ne fait pas dans la dentelle.

Les pièces se mettent en place avec harmonie à l’aide d’une réalisation inspirée. Massimo Dallamano connaît son affaire et offre à son film une photographie minutieuse, génératrice d’ambiances malsaines assez réussies. Les différentes séquences de poursuite, notamment celle dans le parking sous-terrain où l’éclairage se fait désirer, sont plutôt bien gaulées et insufflent au film une dynamique nécessaire. Pour couronner le tout, le boulot réalisé sur l’ambiance sonore par Stelvio Cipriani apporte à l’ensemble une belle tenue.

Une jolie découverte qui s’inscrit sans problème dans les hautes sphères du genre, ne serait-ce que par l’inspiration dont y fait preuve Dallamano. On pourra regretter quelques petits coups de mou dans le montage de certaines scènes (quelques poursuites en voiture), mais dans la globalité c’est vraiment maîtrisé. Le script est soigné, la photographie également et enfin, les acteurs, que l’on devine dirigés avec poigne, délivrent une belle performance qui parachève l’harmonie ambiante. Un film à découvrir sans aucun doute, ne serait-ce que pour soutenir ce nouvel éditeur qui, je l’espère, parviendra à sortir d’autres titres.

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Un petit mot cependant sur le court-métrage qui figure au menu des bonus qui se révèle être pour le coup une faute de gout un peu maladroite, contrastant avec le soin apporté à l’imagerie du DVD par le côté beaucoup trop amateur dont il fait preuve. Je l’ai lancé super motivé après avoir bien apprécié le film, je suis tombé de haut :/
oso
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le 29 juin 2014

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oso

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