Je vois des kékés partout !

J'ai l'impression d'être seul à ne pas aimer ce film.

J’aime bien Mathieu Kassovitz, qui est un homme très engagé, intègre et talentueux, mais je n’ai pas du tout aimé La Haine, qui se distingue comme son premier chef d’œuvre.

Ce film dramatique en noir et blanc prend pour cadre une cité parisienne et déroule les thèmes de l’opposition entre la police et les jeunes de la cité, le décrochage social, les violences policières, et la délinquance.

Pourquoi je n’ai pas aimé ? Parce que tout me donne le cafard dans ce film. Je reconnais que le film brille de sincérité et qu’il décrit le quotidien de la jeunesse dans une cité de manière très crédible. Le problème vient du fait que je n'ai pas du tout apprécié les personnages. Ils me font l'impression d'une bande de petits connards capricieux et analphabètes. Surtout le personnage de Vinz (Vincent Cassel), un petit con moche toujours antipathique, impossible à apprécier. Le genre d'abruti toxique qu'on voit dans l'émission Pascal le grand frère. Heureusement, Hubert rattrape le coup avec un instinct protecteur et on devine un bon fond chez lui en dépit de certains élans violents, ce qui nous permet de nous accrocher à une lueur d’espoir, mais comme Hubert Koundé (l’acteur) est extrêmement mauvais (il joue très mal, on ne va pas se mentir), l’impression est abimée. Saïd apporte un peu de joie dans ce trio infernale, je l’ai bien aimé. Saïd Taghmaoui joue plutôt bien. Mais j’ai été hermétique à la triangulaire, en dépit du réalisme des relations. En réalité ces jeunes semblent une cause perdue, et c'est cela qui me désole dans le propos de ce film.

J'ai aussi eu le sentiment que le film traine le spectateur du début à la fin de manière paresseuse. Le réalisateur connait la fin, et il sait qu’elle vaut le coup (c’est vrai), mais, en tant que public, nous, on ne sait pas ce qui nous attend, et jusque-là, on s'ennuie, car il ne se passe pas grand-chose. L’histoire enfonce des portes ouvertes. Il manque parfois de nuances.

En vrai, je n’ai pas aimé la jeunesse telle qu’elle est représentée ici. C’est extrêmement réducteur. Le film aurait gagné à présenter d’autres jeunes, un peu moins perdues (même dans les cités ça existe et Mathieu Kassovitz le sait, alors pourquoi s'est-il concentré sur les kékés?). Je sais que l’intention du réalisateur est honorable, et puis d’ailleurs je suis un marginal avec ma critique négative, mais je me dois de respecter mon appréciation.

Bref, ce film confirme en tout cas une chose, les cités sont la pire invention française du siècle dernier. Ça abrutit les jeunes, et ça les coupe de la société de manière affligeante.

Pour ce qui est du film, il ne fait pas rêver (ce n’est pas le but non plus), je me suis vraiment fait chier. Je n’ai pas aimé les personnages. Je n’ai pas aimé l’intrigue (vide), je n’ai pas aimé l’ambiance… en fait je l’ai regardé en deux fois, et j’ai failli arrêter avant la fin. Ça, ce n’est pas le cinéma que j’aime.