Rares sont les films dont on sait aussi rapidement qu'il n'y aura pas grand chose à sauver.


La Fille de Brest met en avant une star, la puissante Sidse Babett Knudsen, un procès médiatique et un scandale d'état, une affaire contemporaine qui aurait tout pour intéresser, et pourrait même, avec un peu d'espoir, égaler les américains qui raffolent de ce sous-genre de films de procès (et souvent excellent, d'Erin Brockovich à Révélations, en passant par le récent Dark Waters). Un programme alléchant.


Et pourtant, le style qui rappelle celui d'un téléfilm aseptisé destiné à une diffusion un mardi soir sur France 2, les grosseurs d'un scénario toujours pollué par des symboles lourdingues, des dialogues mal écrits qui tombent toujours à plat, un rythme chaotique (2h08 tout de même), des tentatives d'humour qui tournent au ridicule, une musique électronique criarde et jamais à sa place (de la cornemuse ? vraiment ?), et surtout, des interprétations globalement toutes ratées, tout ça (et ça fait beaucoup), font de La Fille de Brest un raté total difficilement soutenable, qui prouve malheureusement qu'Emmanuelle Bercot, toute bonne actrice qu'elle est, est encore loin d'être une bonne réalisatrice.


Même Knudsen, dont j'étais littéralement tombé sous le charme dans le sublime et délicat L'Hermine et que j'espérais voir forte et puissante dans ce film, y est incroyablement mauvaise, tombant dans un surjeu guignolesque, des crises de bouffonneries véritablement hilarantes (le film m'aura au moins procuré un fou rire, involontaire certes) et tentant vainement d'apporter une touche de franchouillardise à sa Irène Franchon. Pas la peine d'évoquer Magimel, fatigué, et jamais convaincu par ce qu'il fait, qui semble sans cesse se demander la raison de sa participation.


Si les intentions sont là, la tentative de film à procès à l'américaine, la dénonciation d'un pouvoir pollué par les lobbyistes, le récit d'un combat pour faire éclater la vérité et sauver l'honneur des centaines de victimes, le résultat n'est pas là.
La simple bonne volonté, la noble intention, la prise de parti pour les bons face aux (très très) vilains n'ont jamais fait un bon film, et celui-ci en est la plus éclatante démonstration.


Soupe aux clichés, maladresse d'une mise en scène aussi invisible que flagrante d'ineptie, La Fille de Brest est un cirque pénible à voir, un film qui crie l'absence de talent et tente sans cesse de devenir ce qu'il n'est pas.
Et finalement un catastrophique traitement d'un scandale qui tenait en son sein un potentiel énorme, et qui méritait bien meilleur traitement.

Créée

le 27 nov. 2020

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Charles Dubois

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