Rencontre avec un genre, rencontre avec une actrice, La femme Scorpion fut pour moi une découverte pleine de folie qui brille par son absence de compromis. On y sent une réelle envie de liberté, tant dans l'expression sans borne d'une audace qui impressionne que dans une forme graphique jamais contenue. Se succèdent en effet des symboliques par l'image très fortes, des explosions de formes et de couleurs qui viennent amplifier des séquences délicates, comme pour achever nos pupilles d'une lumière hypnotique ravageuse.


Là où la femme scorpion impressionne, c'est par l'harmonie qui s'en dégage entre sujet, ambiances graphiques et atmosphère musicale. Comme si tout était traité avec la même inspiration ravageuse pour faire du film une véritable oeuvre coup de poing. Transpire de cette bobine énervée une véritable passion pour le cinéma et le pouvoir de l'image. Shunya Ito y met ses tripes, marque les foules dès son premier film en signant tout simplement un maître étalon qui sera le fer de lance d'une certaine culture et inspirera ses successeurs, à l'image de Tarantino qui ira jusqu'à reprendre, 30 ans plus tard, pour accompagner ses Kill Bill, la magnifique ballade qui irradie littéralement la femme Scorpion par son côté lancinant.


Un thème récurrent écrit par le réalisateur et interprété par nulle autre que celle qui porte littéralement le film sur ses épaules. Si La femme scorpion brille par l'oeil avisé du cinéaste à son origine, il est indéniable qu'il n'aurait pas ce côté mythique sans la présence de sa superbe et talentueuse protagoniste. Car c'est une prestation magnétique qu'apporte au film Meiko Kaji, purement habitée par un rôle qui semble avoir été écrit pour elle. Des premières séquences on l'on comprend son traumatisme, sur fond de poésie visuelle, à sa vengeance finale impitoyable, on vit avec elle son histoire, et jamais on ne la remet en question. Dotée d'un charisme ravageur, elle met sa beauté au service du film et incarne avec beaucoup de justesse, sans jamais tomber dans un surjeu qui serait fatal à son personnage, cette femme tombée malgré elle dans une spirale de violence qui maintient son esprit sur le qui vive et son envie de vivre à son paroxysme.


Cette alliance de talent entre un réalisateur en pleine inspiration et une actrice à la présence magnétique permet à La femme scorpion de ne jamais s'égarer de sa trame vengeresse principale. Le spectateur est impliqué dès les premières minutes de l'histoire et ne vit à partir de ce moment que pour en connaître le dénouement. Il souffrira ainsi en silence avec la déterminée Mani pendant toute la durée de son incarcération pour savourer avec elle par la suite ce souffle de liberté qu'elle saura aller chercher au terme d'une épopée parfois lancinante, souvent virulente, en tout cas passionnante.




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oso
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le 9 mars 2015

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oso

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