Quelque part, dans l'esprit étrange de Jeunet, il y a une cité.
Une cité à l'esthétique steampunk, aux rues crasseuses à peine éclairées par un éclat de ciel verdâtre, où cohabitent autant d'enfants des rues que d'étranges humains aux visages difformes, arpentant les ruelles pavées à la recherche de larcins à commettre. Dans cette foire aux freaks permanente, les enfants disparaissent sans cesse, enlevés par une secte du Troisième Œil adepte des transformations oculaires mécaniques, qui les emmènent dans un laboratoire tenu par un génie ne pouvant rêver, entouré de clones narcoleptiques.
Au milieu de ces rapts d'enfants, on retrouve Miette, une jeune enfant très mâture pour son âge, qui s'allie avec One, un tas de muscles de foire, pour retrouver le petit frère disparu de celui ci.
Cette aventure, bien que souvent couverte de dialogues decousus et surréalistes, offre surtout un spectacle visuel original de tout les instants, ou Jeunet s'élance au plus haut de son art en expérimentant autant qu'il ne s'amuse. Pour autant, l'attachement aux personnages et à leur quête de retrouvailles fraternelles peut souvent peiner à convaincre, tant certaines scènes semblent en roue libre scénaristiquement parlant, avec des acteurs qui le sont tout autant.
La force visuelle est donc l'atout majeur de cette création improbable de Jeunet qui, s'il démontre une maîtrise visuelle et esthétique sans précédent dans sa carrière, laissera le spectateur confus devant un tel capharnaüm de dialogues lunaires et de personnages étranges.