Une comptine à l'amer...

LA CHANSON DE L’ELEPHANT (12,3) (Charles Binamé, CAN, 2014, 110min)
Ce drame psychologique un peu laborieux nous entraîne dans un établissement psychiatrique où le docteur Lawrence vient de disparaître soudainement la veille de Noël. Le directeur de l’hôpital décide de rencontrer Michael, jeune patient instable et dernière personne à avoir vu Lawrence. Sorti depuis 2014 sur les écrans canadiens cette adaptation d’une pièce de théâtre de Nicolas Billon trouve le chemin de nos salles obscures grâce à l’aura de Xavier Dolan dans notre pays. Une œuvre qui se déroule quasiment tout le temps en huis clos. La mise en scène assez paresseuse et le manque d’ambition de celle-ci entraîne le film vers un face à face psychologique parfois ennuyeux où les monologues répondent aux champs contre champs classiques où aux plans accentuant de façon parfois maladroite le rapport du dominé et du dominant. Le récit se permet également des aller retours dans le passé et dans le présent parfois confus mais nécessaire pour éclairer la personnalité et les blessures complexes du jeune homme interné. L’aspect vintage de l’image ne sert pas forcément le côté visuel du film déjà bien assez terne. Un jeu du chat et de la souris convenu qui serait trop pesant si les acteurs n’étaient pas à la hauteur de ce bras de fer psychologique. Xavier Dolan étonne, en rajoute malheureusement parfois un peu trop mais dans l’ensemble se révèle assez convaincant par son jeu ambigu de manipulation mentale, il est bien secondé par le charismatique et épatant Bruce Grennwood. Venez découvrir les failles humaines et entendre fredonner la douleur dans « La Chanson de l’éléphant ». Une œuvre oppressante manquant d’ampleur, d’ambition mais pas d’émotions…