Sorti en 2014 au Canada, « La chanson de l’éléphant » nous arrive en France cette année. Il est fort à parier que si Xavier Dolan n’avait pas été en tête d’affiche, la sortie aurait été direct to DVD/VOD.


Ce n’est pas à proprement parler un mauvais film, bien au contraire, toutefois il reste assez limité dans ses ambitions. Adapté d’une pièce de théâtre, Binamé ne réussit jamais à lui donner une vraie dimension cinématographique, se contentant du huis clos comme atout majeur du récit.


Si l’on prend en référence, deux autres adaptations de pièce, on arrive très vite à déceler ce qui ne va pas ici. Le même Xavier Dolan en s’appropriant « Tom à la ferme », sortait justement l’étouffant enfermement, ajoutant ça et là des scènes complémentaires, quelques idées lumineuses de mise en scène, et surtout il savait casser ce rythme théâtral si particulier, voire presque linéaire. L’action passait aussi par des impulsions digressives. Dans « Le souper » par contre, les deux protagonistes restent (jusqu’à la scène finale) cantonnés dans un même lieu. Mais, l’impression puissante des dialogues, impeccablement servie par les acteurs, compensait largement tout effet de mise en scène prompt à casser cette unité de lieu restreinte.


Binamé oscille entre les deux formes sans jamais se soucier de ce que donnera le résultat final, préférant se focaliser sur l’échange entre le docteur Green et le patient Michael. Les autres personnages, tout comme les lieux complémentaires, tenant plus du remplissage que présenter un réel intérêt scénaristique.


Toutefois, l’articulation autour de la pathologie de Michael, manipulateur destructeur, est finement amenée à grand soin de cadrages serrés, gros plans et d’un montage nerveux. Aussi inquiétant que séduisant, l’ambigu Michael se dévoile peu à peu jusqu’à un final attendu mais somme toute assez subtil. Xavier Dolan y excelle ! Son visage angéliquement trompeur, ses tics et bien évidemment son charisme imprègnent le personnage, le transcende, le sublime. Il y est réellement formidable.

Fritz_Langueur
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon Top Xavier Dolan et Les meilleurs films de 2016

Créée

le 13 août 2016

Critique lue 746 fois

4 j'aime

Fritz Langueur

Écrit par

Critique lue 746 fois

4

D'autres avis sur La Chanson de l'éléphant

La Chanson de l'éléphant
-MC
8

Elephant Boy

Voilà un film passé inaperçu que j'attendais particulièrement, en grande partie pour Xavier Dolan, acteur/réalisateur de génie, et le voir ici en tant qu'acteur dans un film dont il n'est pas le...

Par

le 20 nov. 2015

12 j'aime

La Chanson de l'éléphant
Pourcentage
5

Rien à ivoire de particulier

Le huis-clos est un genre que j'apprécie c'est un exercice de style assez difficile, l'art de faire tenir tout un film dans une seule pièce et parfois même dans une boite comme dans Burried. Les...

le 11 juil. 2015

5 j'aime

La Chanson de l'éléphant
Fritz_Langueur
7

Dolan, Mal an

Sorti en 2014 au Canada, « La chanson de l’éléphant » nous arrive en France cette année. Il est fort à parier que si Xavier Dolan n’avait pas été en tête d’affiche, la sortie aurait été direct to...

le 13 août 2016

4 j'aime

Du même critique

Ni juge, ni soumise
Fritz_Langueur
8

On ne juge pas un crapaud à le voir sauter !

Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...

le 12 févr. 2018

59 j'aime

7

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

Tale of Tales
Fritz_Langueur
9

La princesse aux petites poisses...

Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...

le 3 juil. 2015

48 j'aime

11