Comme quoi une femme peut transformer un homme. Un bon film noir avec un Jean Gabin au top.

Enfin, après tant de temps on a enfin pu voir un film de Jean Renoir en cinéma policier. Ca me chatouillait depuis un moment de découvrir un long-métrage de Jean Renoir et je ne savais pas à quoi je pouvais m'attendre avec ce long-métrage. Je suis allé le voir en mode "découverte" sans savoir à quoi je pouvais m'attendre. Je dois admettre que j'ai beaucoup aimé ce long-métrage et que je vais m'intéresser un peu plus aux films de Jean Renoir à partir de maintenant.



  • Positif


Personnages principaux: Jacques (Jean Gabin) est un homme qui semble posséder une double personnalité (gentil comme ange et violent comme un démon) mais c'est un personnage attachant qu'on a envie de voir vivre heureux parce qu'il fait ce qu'il peut pour essayer d'être heureux. Aujourd'hui, c'est un mécanicien attachant qui aime son métier et qui aimerait trouver une femme pour vivre à ses cotés et l'attendre touts les soirs, on a envie d'y croire pour lui. Séverine (Simone Simon) est le poison de ce long-métrage. Elle cherche à être heureuse mais elle ne sait pas avec qui et comment faire. C'est un personnage qui devient détestable mais qui a ce qu'elle mérite, il n'existe pas que des filles gentilles et sages dans le monde et elle en est la preuve vivante. Roubeau (Fernand Ledoux) est un agent très gentil qui fait son travail comme il se doit mais qui se transforme en monstre à cause de sa femme et ce que Grandmorin a fait à sa femme, surtout après lui avoir dit qu'il le ferait payer son intervention dans le train. C'est une situation possible de ce qui peut arriver lorsqu'on est fou amoureux de sa femme, ce qui est son cas, ça se comprend mieux quand on se met à sa place. Grandmorin (Jacques Berlioz) est un riche et oncle (+ parrain) de Séverine. Il adore sa nièce mais se croit tout permis avec tout le monde comme si il avait tous les droits. En tout cas, il a tenu sa parole quand il a dit à Roubeau qu'il regretterait d'être intervenu (même si cette "vengeance" ne semble pas volontaire). Pecqueux (Julien Carrette) est un ami sur lequel Jacques peut compter lorsqu'il a besoin d'aide, on comprend pourquoi il veut prendre la route avec le train plutôt que de rester chez lui avec sa femme, parce qu'il ne semble pas savoir faire grand chose.


Image: D'habitude, je vois des long-métrages qui critiquent les hommes et qui les montrent tous comme des pervers qui ne pensent qu'à ça mais, pour une fois, ce sont les femmes qui montrent leurs véritables visages. Ici, les femmes font tourner la tête, elles nous poussent à faire des choses monstrueuses uniquement pour les satisfaire et cherchent un homme qui les regardent différemment des autres. Les femmes savent manipuler les hommes dans ce long-métrage et ça ne se voit que trop bien.


Transformation: On a Roubeau qui s'est transformé en monstre au moment où il a fait ce meurtre et on a Jacques qui est poussé à se transformer. Ces monstres ne sont la création que d'une seule personne, Séverine, ils deviennent des monstres à cause d'elle, ils sont tentés de tuer à cause d'elle. L'amour peut nous pousser à faire d'horribles choses mais aussi à commettre des erreurs irréparables.


Identification: L'avantage de ce long-métrage est que certaines personnes peuvent s'identifier aux personnages, pas par rapport au meurtre mais par le fait d'obéir à sa femme en pensant que c'est par amour. Espérons que ces personnes n'iront pas jusqu'à tuer leur conjointe, ce ne serait pas bon pour Jean Renoir si certains de ses spectateurs devenaient des meurtriers à cause de son film.


Mise en scène: Elle est très bien gérée au fur et à mesure du long-métrage, on arrive à comprendre ce qui se passe en fonction de la disposition des décors, des choix des angles de vue mais, surtout, par le jeu des lumières et des ombres. Si la mise en scène arrive à nous raconter ce qui se passe sans avoir besoin de dialogue, c'est qu'elle est réussie.


Introduction: Commencer avec un voyage en train et notre personnage principal qui le conduit est une bonne idée parce que ça nous permet de le connaitre un peu et de comprendre que ses voyages en train permettent de lui changer l'esprit. De plus, on a un petit aspect documentaire très réussi avec certains plans, c'est joli.


Jeu d'acteur: C'est dingue mais on a l'impression de voir des acteurs qui jouent leurs personnages au naturel, comme si ils étaient ancrés dans leur peau. Jean Gabin est très bon dans son rôle de jacques et les autres acteurs jouent bien aussi mais c'est Jean Gabin qui se démarque le mieux des autres.


Histoire: C'est l'histoire de Jacques, un mécanicien de train à vapeur, qui est témoin d'un meurtre commis par Roubeau mais garde le secret par amour pour Séverine. C'est une histoire intéressante qui repose sur la tentation et qui donne envie de savoir comment ça va se terminer.


Fin: Tragique mais logique quand on y réfléchit bien. Déjà, on est heureux quand on sait ce qu'est devenu Séverine mais on est triste pour Jacques avec cette fin, il ne méritait pas ça. C'est une fin qui m'a rendu triste pour lui mais qui est possible quand on se met à sa place.


Musiques: Ce sont de belles musiques à écouter avec ou en dehors du long-métrage. De plus, certaines arrivent à nous raconter ce qui se passe sans aucun problème, le compositeur et les musiciens se sont bien débrouillés.



  • Négatif


Inceste: Alors, qu'on me dise que Séverine a couché avec son oncle Grandmorin est une horrible chose pour moi. Si la relation incestueuse avait été le centre du long-métrage ou que ça avait une raison d'être développé, j'aurais pas dit non mais là ça semble surtout gratuit et je dis non. Certes, ça justifie pourquoi Roubeau veut tuer Grandmorin mais ce n'était pas obligé d'aller jusque là, il aurait pu se contenter d'envoyer sa nièce pour essayer de le tuer ou d'envoyer des hommes de main pour le blesser étant donné qu'il en a les moyens.


Exagération: Je continue de penser que les musiques sont belles dans la majorité du long-métrage mais elles ne sont pas toujours en raccord avec ce qu'il se passe. Parfois, les musiques sont beaucoup trop puissantes et incohérentes avec ce qu'il se passe à l'écran, c'est le cas lorsque Jacques embrasse Flore par exemple. Bref, c'est dommage que toutes les musiques ne collent pas à ce qui se passe à l'écran.


Flore (Blanchette Brunoy): Ce personnage n'a servi à rien dans ce long-métrage, on aurait très bien plus s'en passer parce qu'elle ne vient qu'au début et ne dit plus rien après ça. Si, au moins, elle avait aidé Jacques à essayer de revenir dans le droit chemin, j'aurais beaucoup apprécié mais ce n'est pas le cas. Sincèrement, ça aurait été mieux qu'elle ne soit pas dans ce long-métrage.


Bug: Que ça vienne du film en lui-même ou du disque, le problème reste le même, on a eu quelques petits bugs entre deux images, comme si il en manquait une ou deux. Certes, ce n'est arrivé que 2 ou 3 fois mais ça reste un détail assez perturbant quand on y fait attention.


Longueurs: Ce n'est pas pour faire ma mauvaise langue mais il m'est arrivé de bailler pendant la projection. Certains plans durent un petit peu trop longtemps et on aurait du les raccourcir un peu. Malgré cela, toutes les scènes sont utiles et ont un rôle à jouer.


!!! PARTIE SPOIL !!!


Révélation: Donc, on apprend que Séverine est la nièce de Grandmorin (oui, elle l'appelle ma nièce et pas ma filleul), c'est une petite révélation qui fonctionne bien. Surtout que ça nous permet de comprendre pourquoi ils se connaissent et comment Grandmorin va se venger de Bourdeau.


Au final, c'est un très bon long-métrage de Jean Renoir mais qui ne plaira pas à tout le monde. Il est vrai que les personnages sont travaillés, que la mise en scène est bonne et que le jeu d'acteur marche très bien mais ça n'empêche pas de voir que Flore est inutile et que l'inceste semble être normal dans ce long-métrage. Enfin, malgré ça, ça reste un bon film noir français à découvrir pour les fans de ce genre et les petits curieux.

FloYuki
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le 27 févr. 2019

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FloYuki

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