Cinquième et dernier film de la saga originale, La Bataille de la Planète des Singes sort en 1973, soit 5 ans seulement après son premier opus, encore considéré comme culte aujourd'hui.
Voyant leur budget se réduire de plus en plus au fil des longs-métrages, les 4 suites durent composer avec, tentant malgré des moyens de plus en plus dérisoires de nous offrir un résultat appréciable.
Pour cet ultime volet, J. Lee Thompson reprend sa casquette de réalisateur. Le scénario original signé Paul Dehn, jugé trop sombre et complexe, est réécrit par le couple John William Corrington - Joyce Hooper, qui en font un film plus familial.
L'intrigue nous plonge 23 ans après les évènements de la Conquête de la Planète des Singes, lesquels ont débouché sur le soulèvement des Singes menés par César, ayant conduit à la prise de pouvoir simiesque.
Narrée par un orang-outan du futur, l'histoire abandonne le cadre urbain pour s'implanter en zone rurale. César y dirige pacifiquement une communauté de Singes et d'Hommes vivant dans des cabanes au milieu des bois. Si les Humains y sont bien traités, ils demeurent nettement inférieurs aux Singes, seuls détenteurs des plus hautes fonctions.
Ce fragile équilibre fait face à une double menace : la rebellion du Gorille Aldo (Général des Armées Simiesques) et la présence d'une armée de mutants humains dirigée par le gouverneur Kolp.
Après le percutant final du précédent film amenant à l'inversion du pouvoir, la question de l'utilité de ce cinquième volet se pose logiquement. Que raconter de plus ?
Le résultat global est partagé.
Si certains axes scénaristiques sont assez mal travaillés (je pense principalement à toute l'intrigue autour des mutants irradiés qui par ennui, décident à la première incursion simiesque sur leur territoire de partir en guerre), d'autres tels que les relations de pouvoir au sein de la communauté " pacifique " de César, le commandement fondamental de celle-ci " un singe ne doit pas tuer un autre singe " et sa transgression, la rébelion du général Aldo et surtout les conséquences sur le futur demeurent très intéressants.
La vision temporelle est d'ailleurs bien l'enjeu majeur du film, en confrontant les actions et choix de César aux prédictions passées (de ses parents) et aux paroles du narrateur orang-outan 600 ans plus tard. Le futur visible dans les 2 premiers films est-il inéluctable ou César est-il parvenu à le modifier ? En termes plus explicites, a-t-il réussi à faire coexister durablement Hommes et Singes de façon pacifique et égalitaire ? Des questions face auxquelles le film laisse astucieusement planer le doute, comme l'illustrent les dernières images...
Mais si son scénario parvient dans son ensemble à capter positivement notre attention, l'impact du film est fort logiquement limité par son MANQUE DE BUDGET, lequel se ressent dans ses décors, ses costumes et surtout sa Bataille finale. Les décors sont assez répétitifs, les costumes frisent chez les humains mutants le ridicule... Et que dire de la Bataille finale ? Une armée humaine qui débarque principalement dans un bus scolaire, un nombre de figurants qui avoisine seulement la petite trentaine, une durée plutôt courte... Bref, pour une scène qui aurait dû être l'apothéose du film, le résultat en est à l'extrême opposée.
En résumé, cet ultime volet demeure un bon divertissement aux thématiques toujours intéressantes (racisme, peur du nucléaire, fatalisme, gouvernance, pouvoir...) et une fin volontairement ambiguë percutante. Avec un budget un peu plus généreux, le résultat aurait pu être bien meilleur...