Il y a deux manières d’appréhender « L’ombre du vampire ». Une vision au premier degré qui viendra immanquablement déranger le cinéphile. Murnau et son film Nosfératu étant trahis par un récit indécent où le réalisateur apparaît comme un déplaisant caractériel morphinomane, sans scrupule et capable du pire pour arriver à ses fins : réaliser un chef d’œuvre.
La seconde vision se veut plus spirituelle et métaphorique. Elle nous replace dans les années 20 où, le cinéma apparaît encore non pas comme un art, mais un simple divertissement de foire pour des foules avides de sensations. Le mouvement gravé sur pellicule vient vampiriser la vraie vie comme le souligne le personnage de Greta Schröder qui déclame à un moment que le théâtre lui donne la vie et que la caméra elle, vient lui voler la sienne. Murnau devenant alors le symbole des peurs de l’époque face à ce nouvel art. Comme Nosfératu il évolue sournoisement, son image n’appartient pas au monde réel mais dans ce qu’il film.
Dans les deux cas, la démonstration reste poussive et la mise en scène ampoulée renforce quelque peu ce jugement. Toutefois les prestations de John Malkovich en Murnau et surtout celle de Willem Dafoe en Nosfératu réussissent à nous surprendre et à nous convaincre. Leurs interprétations respectives frisent la perfection et ils semblent véritablement hantés par leurs personnages.