Bouli Lanner nous met ici dans la même situation que celle de son personnage, nous ignorons tout autant que lui son passé, et les relations qu'il reprend, du moins du point de vue des autres, là où elles s'étaient arrêtées sont pour nous comme pour lui de nouvelles rencontres.


La sensation liée à ce procédé est très étrange, un peu comme voir des flopées de gens dont tu ne te souviens pas un lendemain de cuite des grands jours mais qui se souviennent très bien de toi, le tout à l'échelle d'une vie... et sans cuite !


Tout cela est très bien retranscrit, chacun semble en savoir sur lui, toute l'île le connaît, mais bien que sachant tous ce qui lui arrive personne ne semble vouloir s'attarder à l'aider à recoller les morceaux.


Tous sauf Millie, qui, en plus de lui offrir un certaine "aide mémorielle", lui ouvre surtout un îlot de tendresse au milieu du désert de questions sans réponse qu'il a pour seul horizon.


Le mensonge placé au cœur du récit pose ainsi une question somme tout assez bête, à laquelle il répond de manière sobre et sans assener de jugement : ne vaut-il pas parfois mieux un mensonge bienveillant, et en un sens sincère, à un non-dit lâche et indifférent ?


P.S. : Je ne m'attarderais pas sur la photo, c'est presque de la triche, le vrai challenge serai de chercher à rendre les Highlands moches.

ZayeBandini

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