A travers l'histoire d'Adèle (Hugo), c'est de Victor (Hugo) dont parle le film, le spectre de l'écrivain planant toujours au-dessus de l'intrigue, par sa voix, ses écrits, et son visage que l'on connait, mais qu'on ne nous montrera jamais. Une ambition que ne cache absolument pas sa fin, éclipsant soudain le destin d'Adèle pour ne s'intéresser qu'à celui de son père.
Car en effet l'Histoire d'Adèle H, ennuie ; sa rapidité d'exécution semble paradoxalement lente face à cette histoire d'amour d'un lyrisme épuisant, des longueurs stylistiques inutiles, qui rendent le film pénible, notamment parle rôle d'Adèle, incarnée par Isabelle Adjani, alors âgée de 19 ans, glaçante mais parfois outrancière (la faute à une écriture too much), dans un rôle difficile de femme possédée par l'amour.
Car c'est d'un amour, impossible, chaotique, jaloux, paranoïaque, mythomane et pathologique, ou plutôt d'une érotomanie, dont nous parle Truffaut, sans parvenir jamais à nous passionner, la faute peut-être à une mise en scène sans génie.
S'il prend parfois les formes d'un film d'aventure, traitant de l'exil, de contrées encore nouvelles à l'époque, nous faisant voyager, à grands coups d'ellipses et de traversée de l'océan, de l'actuel Canada à Guernesey en passant par la Barbade, c'est seulement l'intérêt tout personnel de Truffaut pour cette histoire d'une famille maudite (Léopoldine noyée, Adèle fille folle , Adèle mère tombée malade, ...) et le portrait en creux d'une figure de l'Histoire française, autant politique que littéraire, qui intrigue, notamment dans sa curiosité pour les sciences occultes (invocations de fantômes, hypnose) qui vaut au film sa meilleure séquence.