Assez grande déception. Les sœurs de Gion m'avaient déjà largement désappointé par le rythme et le manque de profondeur du scénario (au contraire des Femmes de la nuit et de La rue de la honte). Bref, je n'aurais pas été charmé par le diptyque réaliste noir du Mizoguchi des années 30.

A part un ou deux plans de tout le film, la réalisation n'est pas d'une inventivité foudroyante. Décidé à laisser les artifices, comme souvent, Mizoguchi se contente de peu. Dans les films qui suivront, toujours à la recherche du vrai et de l'épure, il parviendra cependant à donner une esthétique et un rythme beaucoup plus fluides, une clarté et une invention qu'ici je ne retrouve pas.

Les thématiques féministes sont ici toujours la pierre d'achoppement de toute l'histoire. Les hommes sont tous des dégueulasses et les femmes les victimes d'un système aussi patriarcal que cruel et hypocrite. Mizoguchi explore encore le parcours et la psychologie des personnages qui cautionnent, organisent, combattent ou subissent la prostitution. En somme la société corrompue et corrompant.

Je ne sais si la qualité médiocre de l'image n'est pas pour beaucoup dans l'espèce de distance qui s'instaure entre le spectateur et les personnages? Dans les œuvres plus récentes de Mizoguchi, les gros plans sont tout autant rares, mais l'on voit nettement mieux les traits des visages, les expressions etc. Ici, un flou qui n'a rien d'artistique mais qui a tout de l'érosion du temps, enraye peut-être grandement une empathie nécessaire à l'immersion dans l'histoire. Je me demande si ce problème n'est pas identique pour l'édition vue pour Les soeurs de Gion.
Alligator
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le 22 févr. 2013

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