La question du moment pourrait être, sous prétexte de signer un feel good movie, peut-on se passer d’un scénario solide, d’une mise en scène impliquée et d’une technique qui tient la route ? Bien évidemment « L’échappée belle » est un feel good movie qui souffre de tout ce que je viens d’énupérer. L’histoire de cette « fille de » (sous entendu, une jeune femme velléitaire qui dépense allègrement l’argent de papa) qui rencontre un orphelin fugueur désœuvré, ne tient pas la route. Ce jugement ne repose pas sur l’improbabilité de la situation (la vie délivre parfois des petits miracles) mais plutôt de la manière dont elle est appréhendée ici. Les personnages sont sans profondeur, la « disparition » d’un mineur entraîne bien d’autres conséquences, la « cavale » a plus des allures de farniente à la jet set qu’autre chose. De plus Cherpitel appuie trop grossièrement ses scènes : le gamin ne peut prendre l’avion, allez zou on prend l’Orient express… la sœur (retour de l’hystérico-hystérique Courau) en bonne dame d’intérieur du XVIème souffre de sa situation, aller on la fait chanter en position de Damia (bon pour ceux qui sont nés après le milieu du XXème siècle, Damia était une chanteuse réaliste très… stylisée)… on pourrait égrener ces fautes de goût, qui n’ont comme prétexte que le remplissage d’un scénario fait néant. Côté technique, si la photo est belle, le découpage tient du puzzle et la musique est trop prégnante (exception faite la reprise de « Bella ciao » par Clotilde Hesme)… Voilà pour le contrepoint à charge… Car ne l’oublions pas, « L’échappée belle » est un premier film, on excuse donc (soyons gentil pour une fois) maladresses et suffisance, d’autant que Emilie Cherpitel a deux atouts majeurs : ses acteurs. Clotilde Hesme (« oh che bel fior ») affichant une maturité de jeu et physique qui la rendent magnifique et crédible et dont on se demande toujours pourquoi elle se fait si rare sur les écrans… Et Florian Lemaire, qui de sa voix chevrotante et son regard de chien battu terrasserait n’importe quel « sans cœur ». Et du coup je me suis laisser duper, avec un réel contentement, et de me retrouver au générique de fin, sourire béant, en grand benêt sensible que je suis… Le sentimentalisme n’est plus ce qu’il était…

Fritz_Langueur
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le 22 juin 2015

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Fritz Langueur

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