Impressionnant de maîtrise et on ne peut plus stimulant au niveau des thématiques qu'il aborde, l'Antre de la folie est un film pourtant difficile à cerner. Si l'on comprend à la fin ce qui s'est plus ou moins joué devant nos yeux, il est toutefois délicat de parvenir à saisir l'intégralité du discours de Carpenter. Ce dernier, en à peine 90 minutes de film, offre à son audience tellement de pistes à réfléchir, d'idées géniales à intégrer, nécessaires à la construction d'un univers hommage à des références clairement revendiquées du genre horrifique, qu'elle finit la séance épuisée, mais bel et bien rassasiée.


Par l'intermédiaire de cette illustration virtuose de la folie, teintée d'une critique acerbe du monde dans lequel il vit, Carpenter délivre une oeuvre impressionnante. Offrant pour l'occasion un rôle savoureux à l'excellent Sam Neil, il réalise ce qui restera, certainement pour longtemps, l'une des référence des films traitant de la folie, mais également une belle source d'inspiration pour celui qui aime les univers fantastiques, assaisonnés à la sauce Lovecraftienne. Avec peu de moyens, Carpenter prouve que le savoir-faire, conjugué à un sens de la débrouillardise, permet de créer de jolies choses. En témoignent tous ces passages surréalistes qui jalonnent le chemin de John Trent vers sa propre folie, toujours savamment illustrés par des effets visuels parfaitement dosés.


Une belle découverte qui confirme tout le bien que je pense de son auteur. Un homme qui a des choses à dire et les dit de belle façon. Comment rester de marbre devant la richesse formelle, mais également thématique d'une oeuvre comme l'Antre de la Folie. Elle respire d'une inspiration sans borne et d'une soif de création qui force le respect. Et si ces idées présentes en masse, ainsi que cette forme magistrale parviennent à convaincre autant, c'est surtout parce que Carpenter ne s'en contente pas. Il les lie par une narration très subtile, qui prend son temps et n'en fait jamais trop. C'est d'ailleurs, à mon sens, ce qui rend l'Antre de la folie si envoûtant. Cette façon qu'a son réalisateur de mêler en permanence imaginaire et réel, de sorte que même lorsqu'il semble donner la solution, on reste perdu. C'est en pleine réflexion que l'on parcourt le générique final, essayant, en vain, de remettre toutes les pièces du puzzle en place, se disant surtout qu'il faudra bien une autre vision pour cerner un peu plus ce voyage envoûtant auquel on vient d'assister.

oso
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 févr. 2014

Critique lue 305 fois

8 j'aime

oso

Écrit par

Critique lue 305 fois

8

D'autres avis sur L'Antre de la folie

L'Antre de la folie
SanFelice
9

Le cauchemar d'Hobb's end

Comme je l'ai déjà dit à l'occasion d'une autre critique, Lovecraft me paraît très difficilement adaptable. En effet, l'horreur qui émane des textes de l'écrivain américain vient de l'absence de...

le 1 nov. 2012

97 j'aime

24

L'Antre de la folie
Spoof
9

Critique de L'Antre de la folie par Spoof

S'il ne fallait retenir qu'une poignée de films pour illustrer tout le génie de Big John en matière de cinématographie fantastique, L'antre de la folie trônerait sans aucun doute dans un mouchoir de...

le 2 juil. 2010

86 j'aime

15

L'Antre de la folie
Gand-Alf
9

Anatomie de l'horreur.

J'ai toujours pensé que la brillante carrière de John Carpenter a prit fin avec son brûlot anti-reaganien "They live" en 1989. Pas que les films suivants du moustachu soient véritablement mauvais...

le 7 déc. 2013

81 j'aime

4

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

81 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8