Impressionnant de maîtrise et on ne peut plus stimulant au niveau des thématiques qu'il aborde, l'Antre de la folie est un film pourtant difficile à cerner. Si l'on comprend à la fin ce qui s'est plus ou moins joué devant nos yeux, il est toutefois délicat de parvenir à saisir l'intégralité du discours de Carpenter. Ce dernier, en à peine 90 minutes de film, offre à son audience tellement de pistes à réfléchir, d'idées géniales à intégrer, nécessaires à la construction d'un univers hommage à des références clairement revendiquées du genre horrifique, qu'elle finit la séance épuisée, mais bel et bien rassasiée.
Par l'intermédiaire de cette illustration virtuose de la folie, teintée d'une critique acerbe du monde dans lequel il vit, Carpenter délivre une oeuvre impressionnante. Offrant pour l'occasion un rôle savoureux à l'excellent Sam Neil, il réalise ce qui restera, certainement pour longtemps, l'une des référence des films traitant de la folie, mais également une belle source d'inspiration pour celui qui aime les univers fantastiques, assaisonnés à la sauce Lovecraftienne. Avec peu de moyens, Carpenter prouve que le savoir-faire, conjugué à un sens de la débrouillardise, permet de créer de jolies choses. En témoignent tous ces passages surréalistes qui jalonnent le chemin de John Trent vers sa propre folie, toujours savamment illustrés par des effets visuels parfaitement dosés.
Une belle découverte qui confirme tout le bien que je pense de son auteur. Un homme qui a des choses à dire et les dit de belle façon. Comment rester de marbre devant la richesse formelle, mais également thématique d'une oeuvre comme l'Antre de la Folie. Elle respire d'une inspiration sans borne et d'une soif de création qui force le respect. Et si ces idées présentes en masse, ainsi que cette forme magistrale parviennent à convaincre autant, c'est surtout parce que Carpenter ne s'en contente pas. Il les lie par une narration très subtile, qui prend son temps et n'en fait jamais trop. C'est d'ailleurs, à mon sens, ce qui rend l'Antre de la folie si envoûtant. Cette façon qu'a son réalisateur de mêler en permanence imaginaire et réel, de sorte que même lorsqu'il semble donner la solution, on reste perdu. C'est en pleine réflexion que l'on parcourt le générique final, essayant, en vain, de remettre toutes les pièces du puzzle en place, se disant surtout qu'il faudra bien une autre vision pour cerner un peu plus ce voyage envoûtant auquel on vient d'assister.