Il est paradoxal de prétendre chanter les heures de gloire de l’art pornographique en y consacrant un film fait d’une série d’anecdotes mal reliées entre elles. Convaincu qu’un libertinage tout-puissant et transgressif suffira à changer une industrie de dégradation de la femme en consortium pseudo-philosophique et respectueux, L’Amour est une fête ne procède à aucune distinction entre la vie professionnelle et la vie intime, ce qui change l’hédonisme en machine myosine où les créatures semblent revendiquer leur position d’objets sexuels. Car la mélancolie dont fait preuve le réalisateur ne trouve pas de point de chute et s’accroche aux branches d’une réhabilitation strictement contemporaine des plaisirs coupables d’antan, en prenant soin d’évacuer tout contre-discours – ainsi le ministre de la culture ouvre-t-il le film tel un gag en réalité plutôt déplacé – pour s’adonner au plaisir qu’une construction rétrospectif laisse entrevoir. En dépit d’une belle réalisation obsédée par son besoin de proposer de beaux plans (comme la pornographie) et d’excellents acteurs, L’Amour est une fête sonne faux, glisse sur ses enjeux par un trop-plein de lubrifiant qui ôte aspérités et sensations.

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le 23 févr. 2019

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