Il a réalisé quatre films, j’en ai vu trois à ce jour, adoré un, oublié un autre, et s’ils ne révolutionnent rien chacun dans leur style/genre, j’aime le soin que Cédric Anger apporte à leur univers. A l’âpreté et la méticulosité quasi parfaites de La prochaine fois je viserai le cœur, inspiré de l’affaire Alain Lamare, répond la nonchalance et l’extravagance de L’amour est une fête, qui pénètre dans le monde du porno du début des années 80. Bref, absolument rien à voir.


 Autant l’aspect réunion d’acteurs-copains-comme-cochon et franchement relou dès l’instant qu’ils tournent  ensemble (Mon idole, Narco, Les infidèles…) Canet/Lellouche ne m’inspirait pas des masses, autant la perspective de voir d’une part Anger s’attaquer à ce projet casse-gueule et d’autre part voir comment on peut raconter le porno parisien de 1982 en parallèle de ma découverte de The deuce, série qui raconte la naissance du porno new yorkais en 1971, m’excitait grandement. La comparaison s’arrête là, ils ne jouent absolument pas dans la même cour.
C’est un film très bizarre. D’un côté ça ne ressemble pas du tout à un film dans lequel on s’attend à croiser Canet & Lellouche, tant la dimension comico-beauf qu’ils émanent, est souvent évacuée au profit d’une chronique qui ne se vautre que rarement dans la suffisance et la sur-écriture. D’un autre coté c’est un Anger un peu raté tant le film d’ambiance qu’on attend de lui est aussi parfois contaminé par ce duo trop imposant et une construction un peu informe, dont on aurait bien condensé la première heure.
Si Canet n’avait jamais été aussi bon que dans La prochaine fois je viserai le cœur, justement, il l’est une fois de plus ici, en flic infiltré dans le peep-show pour enquêter sur les affaires de blanchiment. Lellouche moins, mais on s’y attendait, surtout le temps d’une scène sur un terrain de tennis, qui en plus de s’avérer complètement inutile grimpe à 7 de ridicule sur l’échelle de Chacun sa vie. Le reste du casting est parfait. Aussi bien le producteur barré, joué par Michel Fau que le réalisateur nounours joué par Xavier Beauvois. Sans parler de l’indice nichons très élevé, évidemment.
Si le film bascule du bon côté à mes yeux, c’est pour sa dernière demi-heure, en gros, car je comprends qu’il se fiche de son histoire d’infiltration, qu’il se fiche de filmer le duo, qu’il se fiche de filmer des nichons : le film tient sur le même fil que les tournages pornos qu’il raconte, fasciné par cette ambiance pré-numérique, qui découle de 68, où les gens s’amusent, où ces types considèrent le porno comme de l’art, où les actrices rêvent encore de devenir de vrais actrices hors du circuit porno. Je trouve L’amour est une fête très proche d’Un couteau dans le cœur, en fin de compte. Gonzalez et Anger redonnent un sens plus sensuel à la nostalgie. La fin est superbe, en plus, avec sa quête lumineuse guettée par la mélancolie crépusculaire. C’est 1982 qui s’en va : La pellicule dans le X va bientôt disparaître et le Sida va arriver.
JanosValuska
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le 29 nov. 2018

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