Après un développement des plus embrouillés (tonalité repensée, reshoot en veux-tu-en voilà, réalisateur qui laisse sa place pour la post-production), voici donc le colosse béhémoth de DC: Justice League. La réunion des plus grands super-héros (Batman, Superman, Wonderwoman, Flash,...) arrive à un moment où la firme veut effacer le vilain souvenir laissé par un Suicide Squad difforme et abject. Malheureusement, Justice League en est un parfait héritier.
Au lieu d'assumer pleinement sa différence (que ce soit pour l'aspect ou le ton), le film semble renier presque intégralement Man of Steel et Batman V Superman: Dawn of Justice. Rendre l'univers plus léger? Très bien, l'humour est soluble et ce même dans les univers froids ou violents. Mais à ce point, ce n'est pas de planète qu'on change mais de galaxie. L'orientation résolument enfantine de Justice League - dont on ne sait pas bien qui en est à la source (Zack Snyder? Joss Whedon? La production?) - l'éloigne tellement de ses prédécesseurs qu'il en saborde même les personnages. Rayon intrigue, on ne peut pas faire plus basique. Ne vous attendez à aucune surprise, le film grille ses cartouches avec une rapidité qui confine à l'inconscience.
Oui, le film dure 2 heures et si c'est déjà court pour bien introduire ses principaux protagonistes, alors je vous laisse imaginer la difficulté pour les réunir convenablement. Dans les deux cas, Justice League se vautre cruellement. La faute à une exposition menée avec un je-m'en-foutisme proprement dingue. Complètement décousu, le montage enchaine les ruptures de ton et les scènes imbriquées à la va-vite, tant et si bien qu'à aucun moment le film ne propose une harmonie d'ensemble. Et, chose d'autant plus grave, il n'offre presque aucune scène réellement captivante. Pour un film au budget aussi maousse, c'est un comble. Généreux en scènes d'action, le long-métrage l'est indéniablement. Mais mis à part deux séquences globalement correctes (la bataille des Amazones, le combat dans le tunnel), la plupart sont tout simplement inintéressantes. Manque d'envergure, manque d'enjeux, et manque d'une direction artistique claire.
Je ne peux pas non plus omettre la bande originale quelconque (pourtant signée Danny Elfman) et les effets visuels parfois (très) gênants. Au milieu de cette désolation, il y a bien quelques belles choses. Jason Momoa est parfait en Aquaman. Ce qu'il propose donne furieusement envie de le suivre un film tout entier. Ezra Miller s'en sort plutôt bien en Barry Allen/Flash excentrique. Ray Fisher n'a pas la même chance que ces deux comparses mais il parvient à faire passer un peu d'humanité à Victor Stone/Cyborg. Si les petits nouveaux s'en sortent, les vétérans sont un peu à la traîne. Gal Gadot fait le boulot en Wonderwoman mais rien de bien exaltant. Le pauvre Ben Affleck a l'air prêt à passer le flambeau tant il semble s'ennuyer. Et je le comprends, ça doit être difficile de voir son Batman (que je trouve bon dans Dawn of Justice) se faire dénaturer aussi grossièrement. Ce qui est réellement tragique, c'est que Justice League avait les atouts pour devenir un évènement. Mais au final il relève plus de l'anecdote.