Ah, ce sentiment de solitude!! Pensez donc : un cinéphile autoproclamé qui n'a pas détesté Justice League!! Je me sens trahi.
Bah oui, j'ai même plutôt bien aimé, relativement parlant.
Evidemment, les défauts ont tous été pointés, donc est-ce que ça vaut vraiment la peine de les lister à nouveau ? Le coté fragmentaire du film dû à une production chaotique, la moustache de Superman gommée au typex, une esthétique de cinématique de jeu vidéo (bref, une esthétique sauce Zack Snyder, qui claque tous ses gimmicks, des ralentis tire larmes aux colorimétries à tuer un amateur de pellicule), les scènes ajoutées qui accentuent le manque de fluidité du film...etc.
Tout le monde a chanté son couplet, le mien ne viendrait que faire écho, en retard qui plus est.
J'ai passé un bon moment, et apprécié le film... jusqu'au retour de Superman.
Comment peut-on louper à ce point l'écriture de ce retour ?
Et surtout, comment peut-on louper UNE SECONDE FOIS le retournement de personnalité du Big S ? On le réveille, il est tout méchant, Lois arrive pour le raisonner, ça marche, soit... C'est un peu vite branlé, mais soit.
Mais là, le spectateur ne sait pas si Superman porte des traces de traumatisme du fait d'avoir été mouru, quand même!
Et visiblement, Lois non plus. Et à vue de pif, tout le monde s'en branle, y compris Superman qui, après avoir tenté de tuer tout le monde, se dit que bon, allez, il en doit une à Bruce, alors il va l'aider à tenter d'empêcher l'éradication de toute vie sur terre...
Et hop, voilà, fini, la résurrection du Man of Steel.
En plus, il revient en mode poseur, l'air de rien, pas un mot d'excuse, pas un petit regret, rien.
Et personne ne met en doute le fait qu'il pourrait, je sais pas, avoir été infecté par le Cube ? Revenir terminer le taf ?
Mais bon, si même le plus parano de l'équipe, Batman, lui fait des risettes, c'est que je me fais du souci pour rien... Ou que l'écriture est aussi paresseuse qu'elle en a l'air.
Donc oui, les blagues façon Marvel viennent casser le ton sombre de l'univers DC, et on regrette qu'il n'y ait pas un Director's Cut qui vienne, comme pour Batman V Superman, redorer le blason de la JLA.
L'autre problème, c'est l'échelle de la menace, qui est dantesque. Et c'est une bonne chose, on sent vraiment la fin possible d'un univers, le coté ancestral de la menace (magnifique scène chez les Amazones, scène un poil moins épique chez les Atlantes, et vraiment vite branlée). La menace est millénaire, elle est aussi ancienne que le Mal...
Alors comment frémir lorsqu'on nous laisse entrevoir dans les séquences post générique la prochaine menace au menu : La Ligue des Grands Méchants.
Ca fait bien pâle figure face à Darkseid, quand bien même celui-ci soit absent du film, rien que de mentionner son nom suffit à faire frémir quiconque à déjà flirté avec les comics DC.
D'ailleurs, ça aussi, c'était vache, nous titiller avec Darkseid pour au final ne faire qu'évoquer son nom... Mais bon, soyons pas mauvaise gueule.
Donc oui, outre ces deux gros points noirs, on a un film bordélique et esthétisant ad nauseum, mais à l'action bien ficelée, un climat qu'on aurait espéré plus sombre, des jeux de couleur qui tiennent du viol oculaire, mais l'ensemble est loin, très loin du désastre annoncé.
Ca n'en fait certes pas un bon film pour autant, et je regrette que la dimension mythique des boites n'ait pas été exploitée plus avant, malgré de belles scènes de mise en place. Je regrette aussi le réétalonnage des couleurs qui clairement accentue le coté cinématique de jeu. Je regrette, en bref, les gâchis du film.
Mais ça n'enlève rien au bon moment que j'ai passé en sa compagnie.