Le rasage numérique, c'est pas très pratique

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La première image d'un film a une importance cruciale. Après tout, c'est la première impression qui est donnée au spectateur, la première indication de ce qui va suivre. Quelle n'a pas été ma surprise de voir dès le départ le fameux rasage numérique de la moustache d'Henry Cavill !
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'anecdote la voici dans toute sa splendeur : Les acteurs de Justice League ont été rappelés pendant l'été pour des reshoots. Cependant au même moment Henry Cavill tournait dans le nouveau Mission Impossible où il est moustachu. Son contrat stipulait qu'il ne pouvait pas se raser avant la fin du tournage. Pas le choix, Superman a eu une jolie moustache, le temps d'un tournage. Celle-ci à du être retirée en post production. Ce rasage numérique nous offre donc le visage de gueule cassée d'un superman à qui on du retirer une partie du visage pour la remplacer par une piètre prothèse numérique (très très voyante).
Pourquoi ai-je passé tant de temps à parler de cette si petite anecdote vous entends-je dire ? Eh bien parce qu'elle est à l'image de l'ensemble du film dont la production a été pour le moins...chaotique. On entre dans un monde numérique où tout fait faux, où il y'a une incroyable dissonance entre le corps véritable et le corps numérique. On retrouve cela avec le personnage de Cyborg qui, dans d'autre circonstance, aurait pu être très bon. On y voit un homme phagocyté par le numérique, un homme dont il ne reste presque rien.
Le but de Steppenwolf, l'abomination numérique méchantesque du film, est même, au fond, de numériser la terre d'une certaine manière puisqu'elle se retrouver recouverte d'effets spéciaux tous plus faux les uns que les autres (encore une histoire de terraformation). Mais tout cela n'est pas exploité, le film reste très très basique, au ras des pâquerettes même. Il ressemble davantage à une excuse pour former la Justice League que l'histoire épique à laquelle on pouvait s'attendre.

Il y'a de très gros défauts d'écriture dans ce film, notamment dans l'humour qui est extrêmement lourd et dans le scénario qui est tristement vide. On se rend compte que ce film n'est en fait qu'un point de passage, la mythologie du DC universe avec notamment Darkseid (le boss de Steppenwolf) est entièrement éclipsée. Le choix a été fait de partir dans une autre direction, comme l'indique la scène de fin. Cela compromet d'autant plus la position de Justice League, qui a encore moins de raison légitime d'exister en tant que film. Il

Pour conclure cette petite pensée plus que ça n'est une critique, je pense qu'il y'aurait eu quelque chose à faire, compte tenu de l'esthétique choisie par le film, sur le numérique, la numérisation, la place de l'homme dans un monde numérique. Utiliser un méchant comme Brainiac aurait été à mon sens beaucoup plus judicieux. Le héros, d'ores et déjà rendu numérique par le film et son combat contre un méchant désirant lui même numériser le monde pour mieux le conserver et le posséder aurait permis de poser de véritables questions quand à la différence fondamentale entre les deux s'il y'en a une. Cela aurait peut être permis de questionner ce que l'homme doit devenir pour protéger son prochain, du futur de l'homme dans un monde toujours plus épris de technologie. Je ne dis pas que toutes ces questions sont forcément uniques et originales, il s'agit d'un tremplin pour proposer une histoire qui a du sens, un sujet, peut-être même une autocritique.

Au fond, ce film n'est ni bon, ni vraiment mauvais. Il existe, et c'est peut être pire, il a dans mon cœur cette affreuse place d'indifférence profonde que seules les vraies déception peuvent avoir.

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