Je sais, je sais... Comparer ce film à Avengers serait une voie bien trop simpliste pour en souligner les atouts comme les carences. Pourtant, une fois sorti de la salle, difficile de ne pas repenser à la claque prise il y a cinq ans. Et même, tout fan des super-héros de l'écurie DC devait attendre un tel film comme des cerfs qui attendent la période de mi-septembre à fin octobre. Depuis une éternité de réécritures, de pré-productions avortées et de mise en place d'un univers cinématographique aux métrages censés être cohérents (à défaut d'être systématiquement décents), les attentes étaient immenses. Comme la mienne, du coup.


Reconnaissons-le, ce Justice League n'est pas arrivé sous les meilleures auspices. L'un des principaux soucis étant le deuil qui a frappé les Snyder en pleine procréation de ce film. En renfort et remplacement de ce bon vieux Zack, est venu ...Joss Whedon, papa de Avengers. Et oui, difficile de ne pas y voir l'ombre d'un habitué de chez Marvel, notamment dans certaines punchlines placées maladroitement ça et là dans la bouche de certains personnages. Moi qui voyait en Flash le ressort comique idéal qu'il manquait au DCEU, dont les premiers films furent vivement critiqués par certains pour leur manque cruel d'humour alors qu'il pouvait tout aussi bien s'agir d'un traitement plus sombre des histoires, et bien... faute d'une écriture correcte, le personnage est souvent lourd, jamais franchement drôle, et relève du boulet de l'équipe plus qu'autre chose. Oups, pas assez d'élan...


L'équipe, justement. Suite à l'approche (intelligente) de Marvel consistant à construire son MCU avec un film par super-héros avant une réunion en apothéose, DC s'est plutôt contenté d'introduire réellement deux figures de proue de la Ligue des Justiciers, Superman et Wonder Woman (bon, trois si l'on considère Batman v Superman : L'Aube de la justice comme le premier film Batman non officiel du DCEU), avant de présenter toutes les autres têtes maladroitement teasées deux films précédemment dans un seul et même métrage. Jason Momoa en Aquaman est impeccable (malgré quelques faux airs de sa période Game of Thrones un poil lourdingues) ; Ezra Miller fait des caisses en éclair rouge et jaune, dans le bon sens du terme quand il est Flash mais dans le mauvais dès qu'il joue 'Barry Allen la tentative d'atout comique de l'équipe' (la patte whedonesque qui va si bien à Marvel mais qui semble ici peu compatible avec le ton DC y est très certainement pour beaucoup) ; et Ray Fisher, en dépit d'une genèse quasi absente, campe un très bon Cyborg.
Pour autant, la démarche de DC est-elle judicieuse, surtout pour les néophytes peu branchés des super-héros parfum comics ? Car si Batman, Superman, Wonder Woman et même le Flash (avec la très bonne série TV du moment) ne sont plus tellement des inconnus du grand comme du petit écran, il n'en est absolument pas de même pour Arthur Curry et Victor Stone qui auraient bien mérités chacun un stand-alone au cinéma pour développer leurs histoires, plutôt que de prendre les vingt premières minutes des deux petites heures de ce Justice League pour rusher péniblement leur background. De même, l'introduction de nouveaux seconds couteaux laisse généralement un arrière-goût de trop peu : J.K. Simmons et Amber Heard en commissaire Gordon et Mera relèvent plus du cameo qu'autre chose tant leur temps de présence à l'écran est faible. Alfred est toujours aussi peu exploité que dans B v S (Jeremy Irons aurait pourtant tant à apporter à ce personnage..) ; seule une scène de parloir suffit quelque peu à nous faire éprouver de l'empathie envers les membres de la famille Allen, avec le personnage du père de Barry (sympathique Billy Crudup).
Marvel a pris le temps de s'installer, de présenter ses personnages via plusieurs films. DC semble courir un peu dans tous les sens pour rattraper un éventuel retard. Les teasers éparpillés des futurs films du DCEU par des producteurs de la Warner de ces dernières semaines en témoignent grandement. ...où peut-être cherchent-ils à conter une histoire qui évolue de films en films, au détriment d'un ton et d'un rythme souvent bâtards ?


Autre gros défaut : Steppenwolf en bad guy. Mal écrit, surjoué dans ses actes et ses dialogues (sa remarque aux Amazones dans une de ses premières scènes en est un parfait exemple), et aux desseins réduits à leur plus simple expression : moi venir sur Terre, moi trouver boîtes-mères, pis moi après va être le chef du monde.. Arès dans Wonder Woman, avec un temps de présence pourtant moins conséquent, semblait en imposer bien davantage, par sa menace et ses méfaits. Pour une première réunion de toutes ses têtes de gondoles, c'était si difficile de nous servir un vrai super-vilain pur porc, genre Darkseid, au lieu de le réduire à un dialogue easter egg à ajouter au fan service ?


Le scénario tourne autour d'un ressort bien précis, et à peine devinable : le retour d'entre les morts du Man of Steel. Certains pourront juger macabre (comme Flash) la démarche d'une telle idée, personnellement je trouve que c'est la chose la plus couillue proposée par le script de Justice League. La scène qui en résulte est plutôt sympathique, et inédite. Même si je ne peux m'empêcher de penser que le retour prévisible de Superman aurait pu être encore plus claquant, quitte à être digne d'un célèbre arc narratif de sa bande dessinée paru à l'aube des années 90.


La grande baston finale (inévitable apparemment dans un film du DCEU), si elle a le mérite de ne pas tomber dans un déluge d'effets spéciaux aussi prononcé que dans les premiers films, sent hélas trop le montage précipité et accéléré. De toute manière, un film voulant jouer dans la cour des blockbusters qui se sert de sa faible durée par rapport aux canons du genre pour faire sa com', ça n'avait rien de bien rassurant... En dépit d'une absence d'ennui et de temps morts, je crois que ce film manque d'une bonne demi-heure.


Dernier constat : si chez DC ils se décident apparemment eux aussi à jouer la carte de la scène post-générique pour teaser la suite de leur univers, ils devraient veiller pour une première vraie tentative à donner aux spectateurs une carotte un peu plus conséquente que celle visible à la fin de ce Justice League. Entre une majorité de films au demeurant moyens et des éditions Blu-Ray en extended, on aurait moins l'impression d'être pris pour des ânes...


MARVEL : 1 - DC : ...0 ?

ZolivAnyOne
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le 15 nov. 2017

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Zoliv AnyOne

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