Il y a des gens qui tel le vin se bonifie avec l’âge. Keenu Reeves est néanmoins un cas atypique puisque son métissage et la morsure de vampire qu’il a reçu de Francis Ford Copolla lui permet de ne pas vieillir et de garder le même entrain qu’à ses jeunes années pour briser des nuques et botter des culs avec sa technique de combat. Toutes ces heures de préparations aux tirs et à l’entraînement auront en tout cas porté ses fruits. Après le succès surprise de John Wick, il paraissait évident que Baba Yega reviendrai décimer d’autres organisations criminelles pour une raison x ou y. Cette fois il ne s’agit plus de venger la mort de son chien ou bien de récupérer sa mustang, mais bien d’honorer un pacte de sang et de survivre le plus longtemps possible aux assauts d’une armée de tueurs lancés à ses trousses. Chad Stahelski n’a peut-être pas inventer la poudre, mais il sait comment l’allumer, en respectant à la lettre l’adage du bigger and louder sans pour autant tomber dans l’indigence d’un Taken 2. La grande différence, c’est qu’en tant que coordinateur des cascades, il sait très bien comment s’y prendre pour orchestrer ses chorégraphies de combat grâce à une formidable gestion de l’espace qui valorise toujours ses acteurs et son décor dont il exploite la moindre parcelle pour exécuter des finish-him parfois très inspirés, on pense notamment à cette séquence dans une arène sous forme de palais des glaces que les combattants ne cessent de traverser avec perte et fracas, brisant en même temps les repères du spectateur. Les gonzesses et les couilles molles peuvent donc bien changer de salle, une fois encore ça va saigner, car cette fois ce n’est pas des dizaine de gangsters qui vont y passer mais bien plus d’une centaine, 141 exactement.
Une chose est en tout cas certaine, le cinéma d’action a considérablement mutés au cours de ces dernières années avec l’influence du jeu vidéo. Chad Stahelski a donc tenu à apporter une dimension ludique à ses règlements de compte à couteaux tirés, ses gunfights nerveux et ses démonstrations d’art martiaux. 2 heures durant, les scènes spectaculaires et exécutions s’enchaînent à rythme frénétique comme autant de plans séquences vertigineux toujours dans le but de privilégier la lisibilité de l’action prompte à nous décrocher la rétine d’un uppercut esthétique. Une fois la mécanique de prédation lancé, le film ne nous laisse jamais reprendre notre souffle. John Wick fonce à travers la ville tel un bulldozer, taille la pointe de son crayon dans l’oeil de l’un avant de de l’enfoncer dans la carotide d’un autre, brisant la nuque d’une tueuse avant d’achever un sumo au 9mm. Mais John Wick 2 ne se limite pas seulement à ses séquences spectaculaires puisque que son réalisateur continue d’étoffer son univers à travers son intrigue géo-politique et nombreuses ramifications (les membres de la Grande Table) ainsi que par le biais de règles et commandements inhérent au code de conduite en vigueur de l’hôtel continental implanté un peu partout dans le monde comme une FMN dans laquelle les tueurs à gages trouvent refuge.
Mine de rien, ce lore permet d’opérer un contraste saisissant entre le culte du raffinement et la vélocité de ces déambulations sanglante. Ce n’est pas parce que l’on tue des gens que l’on doit se comporter comme des bêtes assoiffés de sang. Le monde entier semble ainsi dirigé voir même digérer par une gigantesque organisation en forme d’hydre à 4 têtes qui ne cessent de repousser indéfiniment. Mais ce qui faisait de ces tueurs à gages des êtres d’exception est finalement devenu la norme dans cet épisode, si bien que ce sont les gens normaux qui deviennent des minorités, d’ailleurs personne ne semble vraiment s’émouvoir des tueries dans le métro. Un assassin peut donc se cacher derrière n’importe quelle identité ou personnage, qu’il soit homme, femme, non genrés, vieillard arthritique, gras du bide, qu’il porte des bas résilles ou soit revêtu d’un gilet par balle, même le simple clodo qui file à bouffer à des pigeons idiots semble vouloir la peau de John Wick. C’est peut-être à ce niveau que se situe la limite de cet exercice de style puisque tout cela est bien trop fantaisiste pour être vrai, et malgré ces nombreux guest stars et un casting de figurants destinés à la chair à canon, le film s’en retrouve presque totalement déshumanisé, la vie n’ayant finalement que peu de valeurs au cœur de cette dimension où l’on tue avec détachement comme on se salue poliment de la main ou du regard.