J'ai fait avec Jimmy P la connaissance de Desplechin.
Apparemment très différent d'Un conte de Noël (que je dois absolument voir) ou encore de Rois et Reine, Jimmy P, tiré d'une histoire vraie, représentait pour le réalisateur le premier "défi" outre-atlantique de sa filmographie.
L'entrée en matière est alléchante: de très beaux plans, presque hypnotiques, d'un paysage verdoyant, une musique indienne légèrement dissonnante qui installe une atmosphère douce et étrange, puis une première approche du personnage principal, James Picard, déjà en proie au premier de ces fameux malaises dont il sera question au long du récit. Le premier quart d'heure est donc parfaitement réussi: presque hors-temps, ce début d'intrigue est assez fascinant, jusqu'à "l'arrivée" du docteur Devereux, un rôle qui convient parfaitement à un Mathieu Amalric exceptionnel.
Cependant, première inquiétude: les premiers entretiens entre Devereux et Jimmy P s'avèrent être assez ennuyeux, et un peu plats. Des questions banales, des réponses banales: on assiste, pendant un moment, à ce que l'on ne veut surtout pas assister: des séances de psy bien trop simplistes et bien trop peu passionnantes pour constituer tout un film. Non, non, il n'est pas question d'être déçu. Desplechin, je me suis fait de lui une image de cinéaste novateur et talentueux avant de voir le film et en me renseignant sur l'homme.
Et effectivement, cette période un peu plate, dont on comprend qu'elle est finalement nécessaire au véritable démarrage du film, cesse. Et là, on n'est plus jamais déçus. Quand Jimmy s'ouvre enfin complètement, lorsque la véritable exploration du personnage commence, on est vite conquis. D'autant plus que cette ambiance calme et un peu étrange, déjà installée au début du film, correspond totalement au sujet du film, à la complexité de cette psychanalyse.
Cette impression se confirme lorsque Desplechin -idée géniale- ose mettre en scène les rêves que Jimmy raconte à Devereux, cet homme pertinent et malicieux, ajoutant alors au film une dimension onirique et lui apportant une fraîcheur indéniable.
Puis l'intrigue devient de plus en plus passionnante, au fur et à mesure que l'on comprend Jimmy P, que l'on voyage dans son esprit à travers de magnifiques flash-backs qui nous permettent de nous plonger au coeur de ce personnage tourmenté; même le personnage du docteur devient très intéressant.
A noter également la qualité assez exceptionnelle du jeu d'acteur, notamment de très beaux seconds rôles féminins.
Ce film est donc une réussite évidente; d'autant plus que l'adaptation du livre fut probablement assez difficile: Desplechin est parvenu à ne jamais s'enfoncer dans une psychanalyse fumeuse et incompréhensible, tout en proposant malgré tout un portrait riche et intéressant du personnage éponyme.
Alors, pourquoi "seulement" 7/10 pour une critique aussi élogieuse ? Car il manque peut-être un certain quelquechose à l'oeuvre pour que cette dernière, aussi réussie soit-elle, nous transporte complètement.

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le 22 sept. 2013

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HugoLRD

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