Je trouve que Vincent Rottiers a un visage captivant. Je l'avais déjà repéré dans "A l'origine", puis dans "Bodybuilder" et enfin dans "Dheepan", mais dans ce film, il est au sommet.


Il a une façon de jouer la violence refrénée qui est extraordinaire. On sent dans chaque geste, dans chaque regard la tension qui est en lui, à à travers cette quête effréné de ses origines, qui se transforme en lutte à mort.


Le jeune acteur qui joue Tommy à l'âge de 4 ans est tellement craquant, tellement tendre encore, avec son frère, avec sa mère. Mais à l’adolescence, le visage rebelle s'est dessiné, creusé. Il est déjà dans la colère, la révolte, le refus.


Cette maman tant recherchée, elle ne sera pas si difficile à retrouver finalement, car Tommy sait être convainquant et cette maman là qui l'a eu si jeune va se révéler être une compagne plus qu'une mère. A un point tel que Tommy devenu Thomas va se mettre à l'adorer tout autant que la haïr car elle lui procure des sensations étranges, une attirance telle qu'il ne peut la supporter.


Les deux mamans, l'une adoptive, incarnée par Christine Citti, et l'autre biologique, interprétée par Sophie Cattani, sont elles aussi très convaincantes.
Le petit frère Patrick devenu François, le deuxième petit frère nommé Frédéric, le père adoptif dépressif : aucun rôle secondaire n'est laissé au hasard. C'est ce qui est aussi très heureux dans ce film, car on croit vraiment à cette histoire. Je dirai même on est complètement plongés dedans, on ne peut pas décrocher. C'est ce qui m'est arrivé : j'ai été totalement fascinée par ce destin particulier.


Inspiré d'un article d'Emmanuel Carrère qui relate un fait divers, le scénario et la mise en scène se veulent en effet coller le plus possible à la réalité. La ressemblance entre les acteurs enfants, adolescents et jeunes adultes a même été recherchée.
La scène finale au tribunal est vraiment poignante. Un denier regard de Thomas sur sa mère : mélange de fascination et de jugement très dur sur cette mère qui a tant fauté.


Claude Miller est fasciné parait-il, par les histoires liées à l'enfance. "Je suis surtout intéressé par la manière dont les enfants gèrent les parents difficiles." déclare t'il après le tournage de ce film.
Nathan Miller s'est associé avec son père pour faire la réalisation. Il a pris seul en charge l'adaptation et les dialogues.
Nathan Miller avait déjà été l'assistant-réalisateur de son père sur plusieurs films où il a joué quelques seconds rôles. Il avait, par ailleurs, réalisé de son côté plusieurs courts-métrages de fiction.
En tout cas, ce passage de témoin est très réussi.

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le 17 déc. 2015

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