Je ne Rêve que de vous embarrasse pour une multitude de raisons.
D’un point de vue artistique – il s’agit d’un film de cinéma avant tout –, le spectateur est effrayé par un amateurisme confondant qui gangrène tous les niveaux de production, de la direction d’acteurs aux prestations desdits acteurs, exécrables ; de la lumière hideuse à la photographie de même niveau ; de la pauvreté de la composition des plans à la mollesse d’un montage qui échoue à construire des scènes rythmées et à homogénéiser les prises de son entre les plans. C’est un mauvais téléfilm qui n’a même pas pour lui le jeu de ses acteurs ou le charme désuet d’un format vieille école.
D’un point de vue historique, le spectateur se désole devant un récit dépourvu de parti pris, sinon celui de faire de Jeanne Reichenbach une nymphomane qui ne pense qu’à coucher pendant l’Occupation. La passion amoureuse est traitée de façon si maladroite qu’elle se transforme en crises de cœur ridicules et fort mal interprétées, évoquant davantage des cas de possession diabolique que d’amour véritable. Le pire étant l’arrivée dans le camp de concentration et l’évolution à contre-courant des protagonistes dans un lieu reconstitué à la va-vite, qui renvoie une impression de facticité détestable.
Je ne Rêve que de vous fait erreur sur toute la ligne, prétend investir un genre – le biopic historique – sans talent ni vision ; et la partition musicale signée Bruno Coulais ne réussit pas à sauver le film du naufrage.