J'ai tué ma mère par Charles Dubois

Personnages excentriques resserrés dans des cadres alambiqués, dialogues criés dans des décors colorés, goût pour la vignette et le kitsch, sans aucun doute, ce J’ai Tué Ma Mère, premier film d’un réalisateur à la maturité et au talent dont on ne trouvera aucun égal et dont on ne cessera de célébrer la jeunesse, et cela surement toute sa vie de cinéaste, contient en puissance tous les axes, tous les thèmes et toute l’audace artistique de la future carrière de son auteur, que l’on commence à découvrir de plus en plus conséquemment. Evidemment tout cela semble précipité, concentré explosif et parfois maladroit (autant dans le style, qui cherche à tout prix le plan original, quitte à se permettre quelques extravagances malvenues, que dans l’histoire, parfois lourde) mais c’est dans sa courte durée, son minimalisme (qui cache habilement de tout petits moyens) et sa violence que Xavier Dolan parvient à retranscrire au mieux les angoisses adolescentes (que du haut de ses 20 ans il quittait à peine), collant au plus près de son personnage torturé, et par là-même à réussir avec audace un premier film où tragédie familiale d’une rare violence cohabite avec grotesque et pastiche.