Critique Invisible (et coup de gueule bien visible !)

La verrez-vous ?
Wooooooooooooououououh: elle est invisible !


Définir Invisible Man ? C'est simple !
C'est Les Nuits avec mon ennemi sans Julia Roberts mais avec un homme invisible !
Au décor près, hein ? La maison architecturalement moderne au bord de la mer, la fugue de l'épouse battue (certes pas spéléologue), la nouvelle vie et le méchant mari qui fait son abominable retour alors qu'on ne pensait pas le voir revenir.
Bref, c'est une reprise Me Too paresseuse d'un film féministe source de nombreux téléfilms américains, le talent en moins, l'homme invisible en plus.
Il a cela de bien qu'il est contre-productif tant on voit combien la folie et la furie de l'antagoniste sont mues par son amour maladif et possessif et combien sa proie prend de plaisir à jouer à son tour les femmes invisibles (ou Mme Fantastique, c'est selon) pour le tuer devant les yeux impuissants d'un de ses amis masculins qu'elle réduit aussitôt au silence: les hommes sont certes maladroits, les fanatiques de chez Me Too convoitent le pouvoir et la domination de l'autre sexe. Contre-productif car féministe et sans arrêt en train de briser le test de Bechdel-Wallace, en en démontrant l'absurdité d'ailleurs: souvent on voit des femmes identifiées parler entre elles ... d'un homme invisible !


Invisible Man, c'est aussi la parfaite illustration de ce qu'on a désormais coutume d'appeler le SJW, l'auto-proclamée Social Justice War. Cela consiste en une stigmatisation positive d'une majorité feinte créée de toutes pièces - soit l'homme blanc hétérosexuel - par des minorités feintes qui se disent aussi opprimées qu'en 1848 (oui, quelques siècles de retard, dans l'esprit de certains ...), justifiant ainsi leur combat (puisqu'elles parlent de "guerre"). C'est drôle, la dernière fois qu'une minorité feinte a stigmatisé une majorité feinte, il était déjà question de "combat" ... ou "Kampf", car c'était en allemand. Que les fâcheux se gardent de parler d'un certain Godwin et comprennent enfin que "point" en anglais veut dire "argument" et non pas "point".
Dans le film, la blonde de stéréotype se réfugie chez des amis, une famille noire stéréotypée digne de Big Mama ou le Cosby Show, pour fuir deux frères hétérosexuels et blancs qui, logiquement, étant donné le stéréotype qui émerge, sont reptiliens et nocifs. Heureusement, un patron blanc moustachu sexuellement non marqué vient faire caution. Bref, vous l'aurez compris, au pays des stéréotypes, un nouveau croque-mitaine est en ville: c'est l'homme blanc, riche, hétérosexuel.


Mais, comme les esprits les plus sages nous y engagent avec raison, faisons de cette énième critique du metooïsme ambiant un poil de cheveu invisible dans la soupe et goûtons la soupe !
La soupe ! Le jus de chaussette, voulez-vous dire ! Autant se torcher le derrière avec un exemplaire du célèbre récit d'Herbert Georges Wells, la pénurie se faisant sentir en ce temps de Covid-19 !
Car là où le personnage littéraire vivait l'expérience de l'invisibilité dans la clandestinité, dans le rejet, découvrant tour à tour les bonus et les malus de la chose, mourant en partie de faim et de solitude, le personnage de ce film joue les Saint François d'Assise démoniaque pour mieux devenir invisible et harceler son épouse en fuite. Le marginal victime des bien-pensants d'hier est devenu le bourreau d'aujourd'hui ... à moins que la situation n'ait pas changé et que les bien-pensants d'aujourd'hui ajoutent à leur crime de faire passer la victime pour le bourreau ?
Car là où le personnage littéraire devait être albinos de peau très claire et s'injecter une lourde drogue qui lui faisait perdre progressivement la raison pour devenir invisible, le personnage du jour se contente de revêtir une panoplie high-tech: c'est l'Iron Man invisible, en gros.


Faux thriller, vrai manifeste SJW et piètre réécriture dite moderne d'un grand chef-d'oeuvre de la littérature ô combien bien adapté jusqu'ici au cinéma comme à la télévision (mention spéciale à Vincent Ventresca qui a marqué mon adolescence et qui se rapprochait plus du modèle),


vous devinez, si vous parvenez à me lire, combien je préférerais que ce film soit invisible !

Frenhofer
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le 19 mars 2020

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Frenhofer

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