Steven Spielberg est un réalisateur pressé. À 25 ans, à l’aide d’un camion et d’une voiture, d’une route interminable et d’une caméra, d’un acteur et d’un figurant, il révolutionne le thriller avec Duel (1971). Un coup de génie. Serait-ce un coup de chance ? Non, car le bougre récidive. Ainsi, nous lui devons l’étalon des films d’horreur (Les Dents de la mer – 1975), d’aventures (Les Aventuriers de l'arche perdue – 1981), de science-fiction familiale (E.T., l'extra-terrestre – 1982), d’horreur grand public (Jurassic Park – 1993), dramatique historique (La Liste de Schindler – 1993), de guerre (Il faut sauver le soldat Ryan – 1998), et, plus surprenant, la meilleure adaptation de BD franco-belge (Le Secret de La Licorne – 2011).


Spielberg aime suffisamment Indiana Jones pour lui consacrer 4 films. Harrison Ford incarne un héros solitaire aux compagnonnages épisodiques. Il associe une tête bien faite à des jambes infatigables. Il combat aussi bien à main nue, qu’au fouet ou au pistolet. Pragmatique, il ne s’interdit pas de tirer en premier. Le premier opus souffrait d’une action confinée dans le désert et d’une héroïne trop solide : Karen Allen tenait mieux l’alcool qu’un lancier polonais et défiait au bras de fer des lutteurs de foire.


À rebours de la majorité des critiques, je lui préfère le second opus. Le Temple maudit nous balade en Asie et nous propose, en guise partenaire un duo. Demi-lune est un gamin débrouillard et attachant, Willie (Kate Capshaw) une meneuse de revue apprêtée et avide, son rôle se réduit à crier et à appeler à l’aide. D’aucuns prétendent, qu’échaudé par une pénible procédure de divorce, Spielberg avait l’âme misogyne. La belle blonde ne lui en tiendra pas rigueur, elle l’épousera quelques années plus tard.


La première demi-heure est fascinante de dynamisme et d’inventivité. Je me souviens de ma sidération, abasourdi sur mon fauteuil, dans ma salle obscure, face à cette extraordinaire séquence. Le docteur Jones a rendez-vous avec une triade chinoise qui l’empoisonne. Il est contraint de récupérer une fiole, baladeuse, d’antipoison, tandis que les méchants et la belle Willy tentent de se saisir du diamant. La musique, les danseuses, les tueurs, le gong, les rafales de mitraillette, une course poursuite en voitures, un avion en perdition, un saut sans parachute, une chute interminable et nous voici en Indes... Le montage est parfait, la tension à son paroxysme, sans pour autant virer au frénétique. Du grand art.


Pour souffler, Spielberg nous accorde une visite de la forêt locale. Nous avons droit à tout ce qui pique et mord. Willy crie, Indiana tempère, nous rions. Il enchaine par une (trop) longue séquence horrifique, d’abord festive, puis diabolique dans les sous-sols du Temple. Les étrangleurs sont bêtes et méchants, à faire regretter les nazis des tomes un et trois. Accrochez-vous, car vous n’avez encore rien vu : place à la course en wagonnets et au pont de lianes. Si les trucages, plus ou moins spéciaux, ont vieilli, la cadence, les cadrages et la créativité m’émerveillent. J’y retourne.

Step de Boisse

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