Cette adaptation du chef-d’œuvre de Balzac est, dans l’ensemble, plutôt réussie. Certes, quand on a lu et aimé une œuvre littéraire, il est toujours difficile de ne pas éprouver quelque déception face à tel ou tel choix d’adaptation. Mais cela n’a de toute façon aucun lien avec la qualité intrinsèque d’un film ; cette dernière n'ayant, en effet, rien à voir avec sa fidélité à l’œuvre d’origine.
Le film suit donc le parcours mouvementé de Lucien, jeune poète angoumoisin qui monte sur Paris pour y trouver la gloire littéraire et y pour vivre pleinement son amour avec une femme plus âgée issue de la noblesse de sa ville natale. Il va alors découvrir la Capitale et, plus particulièrement, les milieux féroces de l’édition, du journalisme, de la littérature, du théâtre etc.
Ici, Xavier Giannoli a décidé de se limiter à la partie centrale du roman, celle qui suit les péripéties de Lucien à Paris. C’est un choix tout à fait judicieux, car c’est en effet la meilleure partie du livre.
Dans l’ensemble, j’ai retrouvé ce qui m’avait plus dans le livre ; ce qui est d’ailleurs aussi dû au fait que, par le biais du la voix de Xavier Dolan, qui fait ici office de narrateur, j’ai retrouvé directement certains passages du texte balzacien ( parfois même, il faut bien le dire, de façon pesante et maladroite ).
Je dirais que c’est surtout au niveau des personnages que j’ai été convaincu. J’ai retrouvé avec joie les personnages si délicieux du roman. Lousteau, Dauriat, Bargeton, Coralie etc. Ils sont tous vraiment campés à merveille ( j’ai finalement été moins convaincu par Lucien, non pas qu’il soit mauvais, mais il n’est pas sensationnel non plus ).
Le film est également une réussite en cela qu’il est parvenu à restituer l’ampleur du livre, son côté grandiose. C’est une vraie fresque : La musique est excellemment choisie et disposée ( le répertoire classique affermit le souffle épique du film), les décors et les costumes sont très convaincants et garantissent l’immersion du spectateur ; en somme, tout concourt à l’élaboration d’une toile somptueuse où règnent le faste et la démesure ( qui caractérisaient déjà le roman de Balzac ). La photographie est classique et, certes, assez simple, mais elle est tout de même soignée, et l’intrigue, quant à elle, suit son cours à un rythme effréné dénué de temps mort.
S’il est vrai que le film souffre d’un manque parfois gênant de subtilité, d'une mise en scène un peu plate, d’une omniprésence qui finit par être encombrante de la voix-off et, à plusieurs reprises, d’une certaine précipitation dans sa narration qui brusque quelque peu le déroulé du film, il demeure, sans aucun doute pour moi, une belle réussite qui honore son illustre inspirateur.